Comment lever une topographie ?

Quoi mesurer ?

Pour comprendre ce que nous devons mesurer sous terre, il faut bien comprendre ce qu’est une topographie (voir page précédente). Evidemment, il faut prendre les notes en essayant d’écrire le mieux possible, et le plus rigoureusement possible.

Cheminement topographique

Comme sous terre, il n’y a pas de système de positionnement de type GPS, nous devons construire une topographie point par point, c’est à dire d’une station à une autre. Chaque station topographique doit être visible de la station immédiatement précédente et de la station immédiatement suivante, sans aucun obstacle entre elles.

Entre chaque station, pour nous repérer dans les trois dimensions, nous devons mesurer :

  • la distance entre les deux stations,
  • l’azimut entre les deux stations
  • la pente entre les deux stations

Dans les réseaux complexes où dans les cavités susceptibles de présenter des prolongations ultérieures, il peut être utile de matérialiser de manière fixe toutes les stations topographiques, ou des stations topographiques spécifiques. En ce cas, elle doivent être sur un support en dur, et fixe. Nous pouvons le faire, par exemple :

  • avec un cairn sur lequel nous laissons un morceau de papier avec la date de la topographie et le numéro de la station
  • avec un point de peinture sur un gros bloc ou une paroi, associé au numéro de la station ; ceci est facile à faire à l’aide d’un petit tube de peinture rouge de marquage
  • comme dans le cas précédent, mais avec du vernis à ongle rouge (c’est le plus discret)

Volume de la galerie ou du puits

Dans le cadre d’une topographie classique d’exploration, pour obtenir une idée du volume de la galerie, il existe deux techniques :

  • La plus simple, c’est de mesurer, au niveau de chaque station topographique, les dimensions Gauche – Droite – Haut – Bas de la galerie.
  • Effectuer des visées d’habillage (donc avec les données longueur, azimut et pente), qui ne doivent pas être prises en compte dans le calcul du développement de la cavité.

Habillage de la topographie

L’habillage de la topographie se fait lors du relevé, sur le terrain, en notant le maximum d’information, à la fois sous forme de remarques dans le tableau de données, et sur le dessin en lui même. Un bon topographe n’est pas un artiste, ni un dessinateur, mais quelqu’un qui est capable d’une part de bien observer ce qui l’entoure, et de transcrire sur le dessin ce qu’il observe.

Quelques conseils utiles…

Dans le cas de grandes cavités, Il est plus judicieux de faire de « petites » visées, plutôt que de grandes visées. En effet, faire des petites visées possède l’avantage de limiter les erreurs topographiques, et aussi de faciliter le raccord d’une potentielle nouvelle topographie lors d’une potentielle exploration ultérieure, si les stations topographiques ont été matérialisées (a minima par des cairns).

Ensuite, pour faciliter le dessin des obstacles, il est intéressant de vraiment positionner les stations topographiques sur le cheminement réel, en matérialisant ces obstacles, même si cela demande de rajouter des stations topographiques intermédiaires. Par exemple, au niveau d’un puits ou d’un ressaut, il vaut mieux faire une visée plus ou moins verticale puis une seconde visée plus ou moins horizontale, plutôt qu’une seule visée penchée.

Lorsqu’il y a un croisement (puits, cheminée, affluent…), et que pendant cette séance d’exploration et de topographie, nous n’explorons pas ni ne topographions ce départ, il vaut mieux faire une, voir deux (mieux !) vraies visées dans ce départ, afin de bien le matérialiser, et de faciliter son dessin par la suite.

Tenue du carnet de terrain

Prendre des notes topographiques ne s’improvise pas, il faut se plier à des règles de bon sens qui permettent d’avoir toutes les informations nécessaires pour l’utilisation des données topographiques de la séance topographique.

Les données indispensables en en-tête

Avant de démarrer une prise de notes topographiques, nous avons besoin de donner quelques informations indispensables dans un en-tête. Cet en-tête doit impérativement contenir (et c’est un minimum !) :

  • La date de la topographie,
  • La cavité
  • La zone, en indiquant où commence la topographie et où termine la topographie (Ex : Du fond de la galerie explorée vers la galerie des Champs Elysées)
  • Le nom des topographes et pourquoi pas des explorateurs si ce ne sont pas tout à fait les mêmes ; Optionnellement, il est aussi possible d’indiquer qui fait quoi (le chien fou, la lecture, la prise de note,…)
  • Le type d’instruments utilisés (Topofil, suunto/laser, pédale, corde à noeud)
  • Dans le cas de topofil, pédale, corde à noeud, etc ne pas oublier d’inscrire la calibration ! (genre : 1 tour =  0.5 cm ou 1 pédale =80 cm, et ensuite, nous inscrivons dans la colonne distance le nombre de tours, ou de pédales, ou de noeuds,…)
  • Et aussi l’unité des instruments, notamment si le compas et le clino est en grades (GRAD) ou en degrés (DEG). Attention, ils peuvent avoir des unités différentes, donc ne pas hésiter à indiquer les unités de chaque instrument séparément sur le carnet topo. C’est malheureusement très souvent oublié… quand il y a un azimuth > 360° ou une pente >90°, c’est facile, sauf erreur, mais ce n’est pas toujours le cas…
  • Le sens de visée, à la fois pour la direction, la pente et les Gauche – Droite – Haut – Bas : elles sont soient en direct (dans le sens de la marche) ou en indirect (en regardant en arrière par rapport au sens de la marche. Comme il faut cette information pour l’azimut, la pente, et les Gauche – Droite – Haut – Bas, il faut indiquer sur le carnet un triplet.

En-tête du carnet topographique pour une séance topographique. ici, il manque les coordonnées de l’entrée, parce qu’elles avaient déjà été relevées lors d’une précédente sortie.

Ensuite, nous passons à la prise de note en elle-même, à savoir le tableau des données, et le dessin associé. Idéalement, il faut que le dessin soit sur la page directement en vis à vis du tableau correspondant, pour pouvoir voir les deux sans avoir besoin de tourner la page. Si l’une des pages est remplie, alors, passer à la double page suivante.

Le tableau de données

Pour chaque page de tableau de données, il faut noter au début à quoi correspondent les colonnes. Généralement, nous marquons les colonnes :

Point d'arrivée - Longueur - Azimuth - Pente - G - D - H - B - Remarques

Dépendamment du logiciel de topographie que nous utilisons par la suite, il est intéressant de suivre le même ordre des colonnes parce que c’est plus facile à entrer sur l’ordinateur. L’ordre donné ci-dessus est un exemple, pratique, mais il correspond aussi à l’ordre du tableur de Visual Topo.

Dans le cas de l’utilisation de Therion, comme le format d’entrée des données est libre, nous pouvons faire comme nous voulons !

Carnet topographique suivant l’en-tête précédent : pages de données et page de dessin, en vis à vis. Noter qu’à la fois un plan et une coupe sont dessinées, ainsi que les stations topographiques sur le dessin. Dans le tableau de données, il est facile de voir les différentes séries de mesures, ainsi que les carrefours et les jonctions/bouclages.

Dans l’exemple ci-dessus, vous pouvez remarquer qu’il n’y a pas l’indication du point de départ. C’est possible de le rajouter, mais s’il est indiqué à chaque visée, nous perdons du temps lors de la prise de note, et la lecture du tableau est rendue plus difficile : nous ne voyons pas du premier coup d’oeil où sont les départs et les bouclages.

C’est pourquoi, il est intéressant de ne noter que la station d’arrivée à chaque visée qui part de la précédente visée. Dans un cas plus complexe :

  • Si nous partons d’une station qui n’est pas la précédente visée, alors, il suffit d’écrire la station de départ et la station d’arrivée dans cette colonne, et d’indiquer une petite flèche entre le départ et l’arrivée.
  • Si nous faisons un bouclage sur une autre stations, alors, il suffit de relier les deux noms de stations dans cette colonne par un =
  • S’il y a un croisement, pour le retrouver facilement dans les notes topographiques, il suffit d’y adjoindre une étoile, par exemple.

Ainsi, par exemple, si pour une visée, dans la colonne « point de d’arrivée », nous lisons :

  • 25 : alors, la ligne correspond à la visée de la station 24 (précédente) vers la station 25.
  • 12 –> 25 : alors, la ligne correspond à la visée de la station 12 vers la station 25
  • 14 = 25 : alors, nous avons bouclé la station 25 sur la station 14
  • *25 : alors, la ligne correspond à la visée de la station 24 (précédente) vers la station 25, mais au niveau de la station 25, il y a un départ à topographier plus tard.

En conséquence, d’un seul coup d’oeil, nous pouvons repérer les départs, les différentes séries de données, et les bouclages.

Le dessin sur le carnet

Dessiner un plan mais aussi une coupe (et indiquer à chaque page de dessin à quoi correspond le dessin, si c’est un plan ou une coupe !). Nul besoin d’être un artiste où un dessinateur (bien au contraire !), mais plutôt quelqu’un capable d’une part de bien observer ce qui l’entoure, et de transcrire sur le dessin ce qu’il observe.

A minima, dessiner les points topos, et les parois, avec leur caractéristiques (rentrants, départs, arrivées/pertes d’eau…)

Pour lever une topographie précise, il faut dessiner sur une page avec un carroyage carré, et utiliser ce carroyage comme échelle. Par exemple,

  • définir que le côté d’un carré correspond à 1 m sur le terrain,
  • que le nord est vers le sommet de la feuille

Il faut alors le noter sur le carnet, et s’y tenir pour toute la topographie. L’inconvénient de cette méthode, c’est que si nous n’avons pas l’habitude, la prise de notes est longue.

Sur le dessin effectué sous terre, marquer le maximum d’informations, SURTOUT lorsque vous dessinez un départ (murs non fermés), indiquez si c’est pénétrable, étroit, colmaté, une trémie, un laminoir, un plan d’eau… Si ce n’est pas fait, il me faut mettre un point d’interrogation, et ça oblige une nouvelle équipe à aller voir ! Ce n’est pas grand chose à inscrire, et ça peut éviter un grand nombre de sorties pour finalement pas grand chose…