Êtes-vous prêts pour un voyage qui change de l’ordinaire ? Bienvenue au Trou de Han ! Traversée par la Lesse, la grotte de Han est une des merveilles karstiques belges. S’il s’agit d’un site touristique majeur, elle était aussi fréquentée par les hommes dès le Mésolithique, soit il y a 10.500 ans !
Les premières découvertes archéologiques datent de 1902 par Edouard de Pierpont, mais principalement dans les réseaux secs. Il faut attendre 1959 pour que Paul Cornet ne découvre des poteries et des ossements en bordure de la Lesse : après discussion avec Marc Jasinski, plongeur-spéléo, il semblerait que la rivière érode ses rives, riches en vestiges archéologiques. Les vestiges laissés par nos ancêtres sont donc tombés à l’eau! Mais pas question d’arrêter notre enquête : en 1963, M. Jasinski et le CRAF débutent les fouilles dans les réseaux inondés et remontent plus d’une centaine d’objets datés de l’Âge du Bronze aux Temps Modernes.
Ces collections sont une véritable aubaine pour nous, archéologues, puisque l’eau a permis une très bonne conservation des objets (céramiques, haches en bronze, bijoux, etc), surtout ceux en matières organiques qui se décomposent habituellement dans les contextes terrestres. J’avoue avoir flashée sur une belle hache en bronze et sur son beau manche en bois !
Il est aussi important de rappeler que les investigations dans cette grotte ont permis de développer véritablement la discipline de l’archéologie en contexte karstique immergé, ainsi que les techniques associées à la pratique de la plongée souterraine. Pour les plongeurs, n’hésitez pas à regarder quelques photos d’époque !
Depuis 2012, les fouilles sont reprises par Christophe Delaere, archéologue plongeur, qui s’est intéressé aux couches archéologiques situées au niveau de la résurgence, et qui fouilla un sondage en suivant les couches archéologiques.
Et nous ? Quel fut notre rôle lors de la campagne 2023 ? Nous avons continué la fouille du sondage et le dégagement d’un énorme linteau, relique du porche qui dû tomber à l’époque carolingienne.
Nos journées étaient rythmées par les palanquées (4/5 par jour), et nous restions environ 1h30 sous l’eau : attention à la visi, ou plutôt à la « touille » ! En parallèle du terrain, il y avait des équipes chargées de la restauration du mobilier et de l’inventaire : en archéologie, il est très important d’enregistrer la position de chaque objet afin d’en garder une trace et de pouvoir émettre des interprétations sur la manière dont les hommes vivaient.
En plus de cette belle immersion, j’ai eu la chance de pouvoir visiter le réseau karstique sec et de faire une très belle balade (touristique) dans ce joyau souterrain !
Nous voilà à la fin de notre voyage qui, je l’espère vous aura dépaysé !
Pour les plus curieux d’entre vous, quelques références :
– https://grotte-de-han.be/grotte/comprendre-la-grotte/archeologie
– https://independent.academia.edu/CRAF1959