Autour du mariage de Julien du SCV en Tunisie, nous avons demandé deux autorisations pour les classiques rivière souterraine d’Aïn Dhab et traversée de la grotte de la mine. Nous avons donc trimballé notre néoprène et notre matériel de spéléo complet pendant notre séjour là-bas.
Pour profiter, nous avons d’abord randonné :
- le grand pic de Zaghouan avec les jeunes de Sfax outdoor sports.
- le canyon de Midès (lieu de tournage de la course de pods dans l’épisode 1 de Star Wars) avec Kevin et Audrey du SCV, ainsi que les soeurs de Julien.
- le canyon de Jbel Oueslète et ses peintures/gravures rupestres, avec Audrey et Kevin (SCV), Medhi et ses enfants Inès et Illiès, Anis et ses fils Jojo et Fédi.
Pour la spéléo en revanche, nous sommes retombés sur la logique Tunisienne; tout ce qui n’est pas autorisé est interdit. Dès notre arrivée, on nous apprend que l’autorisation pour Aïn Dhab est incertaine, mais que nous pourrons aller à la grotte de la mine.
Sur le chemin de Oueslatia, nous apprenons que nous ne pourrons pas dormir dans le gîte de Khalifa comme convenu, il n’a plus le droit d’accueillir dans son gîte, parce que. C’est Moëz, le secrétaire de l’ASTADO qui viendra avec nous au commissariat de police pour valider nos autorisations, déclarer notre arrivée et l’endroit où nous dormons (chez lui). Pendant que nous mangeons le traditionnel couscous, la garde nationale et la police patrouillent autour de la maison et téléphonent à plusieurs reprises : date d’arrivée, villes visitées, date de départ, notre emploi du temps est enregistrée. Plus tard dans la soirée Kévin et moi devons aller à la garde nationale afin d’avoir enfin « vraiment » l’autorisation, ou rassurer les autorités, on ne sait plus. À notre retour, nous faisons quelques parties de chkobba histoire de se détendre avec Moez et Khalifa. Le jeu se veut d’origine tunisienne, mais les règles sont les même et le nom assez proche de la scopa, qui est un jeu italien tiré du verbe scopare, qui signifie couper ou plus vulgairement à Naples, niquer.
Lundi 30 octobre, après un bon petit dèjeuner bien copieux et bien local (la bsissa, rien de tel avant une sortie spéléo!), nous repassons à la garde nationale pour confirmer notre départ. Tout est en ordre. Nous retrouvons dehors 2 « officiels du tourisme » que nous devons encadrer afin qu’ils découvrent « le nouveau produit spéléo ». Nous comprenons qu’Hamda, un des inventeurs de la nouvelle entrée n’est pas à l’aise avec cette idée. Mais sans eux, pas d’autorisation, sans, nous pas de demande, youpi ! Nous sommes 10 à nous équiper en bas du Jbel Serj, devant la cabanon du garde forestier. Une étudiante qui fait sa thèse sur les changements paléoclimatique de la grotte nous y rejoins, une copine de Tarek aussi. C’est alors que le garde forestier débarque et nous refuse l’accès à la montagne. Pendant que ça palabre et que ça téléphone, nous nous lançons dans une partie de chkobba au soleil. Ce qui fait bien rire Moëz qui filme en direct sur facebook !
Après juste 1h de négociations, le garde forestier nous laisse enfin passer. Les officiels partent en habit et chaussures de ville… Nous faisons une première pause au bout de 3/4h de marche d’approche, pour les attendre, devant l’ancienne l’entrée. En attendant les officiels, nous en profitons pour aller faire un tour jusqu’aux « descenderies » (TPST : 15 min). Après cette première heure de rando, nous reprenons la marche d’approche et je discute avec Hamda qui me confesse sa responsabilité quant à la situation. Youpi encore une fois… Nous rejoignons la crête et commençons la recherche de la nouvelle entrée qu’Hamda trouve au bout d’une demi-heure. C’est une jolie boîte aux lettres, recouverte de pierres, pour éviter que les chèvres et/ou moutons tombent dedans.
Les officiels, bien entamés par la marche d’approche, arrivent devant l’entrée et l’un deux lance un « Tout ça pour ça ? Je suis désespéré ». Mais une fois à l’intérieur, c’est sans voix que nous admirons un des plus beaux paysages souterrains que j’ai vu. C’est digne des grottes les plus concrétionnées d’Ardèche et ça continue même après notre demi tour. Anaïs qui était un peu sceptique sur le fait que toutes ces galères en vaillent la chandelle se ravise.
À cause du temps perdu, nous savions que la traversée était compromise, mais nous essayons d’aller le plus loin possible. Les officiels s’arrêtent à la salle des gours blancs et nous continuons 30 min jusqu’à la salle Tanit, juste avant les carottes qui pissent. Le retour se fait à un rythme normal, mais nous devons quand même attendre que les officiels finissent de sortir, avec des crampes ! Ils finiront de perdre leurs semelles sur la marche de retour, ce qui est un petit plaisir sadique avouns le 🙂
Nous passons une seconde soirée chez Moez, où sa mère est aux petits soins pour nous et les parties de chkobba s’enchaînent.
Ça en valait la peine, mais qu’est-ce que c’était compliqué pour grottologuer 3 h !