Vendredi 11 mars
Fred, Daniel, Constance et moi nous retrouvons au parking du bas un peu avant 21 h. Fred chausse les raquettes dès le parking, alors que nous autres les chaussons du côté du gros cailloux à partir duquel la neige est de plus en plus profonde. Nous mettons 2 h bien tapées pour arriver au refuge. A notre arrivée, il faut bien pelleter pour enlever la neige qui arrive au tiers inférieur du battant supérieur !
Samedi 12 mars
Virginie, Pauline et Steph partent de Lyon et montent au refuge dans la journée.
Pendant ce temps, Fred, Daniel, Constance et moi montons en faisant la trace dans de la belle poudreuse profonde vers le V4bis. Nous nous relayons pour faire la trace, et mettons une bonne heure pour arriver à destination. Nous entrons sous terre à 12 h 30.
Nous descendons vers l’aval. A l’entrée, beaucoup de neige a été aspirée. Nous devons descendre à plat ventre dans la neige jusqu’au départ du petit méandre. Ensuite, il n’y a plus de neige, mais pas mal de glace. L’accès à la salle Delacour n’est pas possible sans corde à cause de celle-ci. La première corde est prise dans la glace, il me faut jouer du cailloux pour la sortir… Dans les toboggans descendant vers le puits des Savoyards, i nous faut poser une corde pour nous permettre de franchir une plaque de glace bien large et bien lisse qui serait délicate à remonter.
Dans la rivière, dans les premiers ressauts, une corde est en mauvais état (coupée par une crue), et en dessous, deux amarrages aciers sont cisaillés par la vibration de la corde qui était tendue. Nous descendons le ressaut qui suit sans corde. Il faudra rééquiper cette partie. Dans la suite, une main courante n’a pas été bien tendue, et commence à bien s’abimer aussi. Cela m’a étonné parce qu’il me semble que j’étais de la dernière sortie qui a été faite dans l’aval, et que j’étais remonté en dernier en remontant toutes les cordes et tendant toutes les mains courantes. En regardant de plus près, les noeuds utilisés pour bloquer les cordes ne correspondent pas à ceux que je fais d’habitude… J’en déduis qu’une autre équipe est descendue au moins jusqu’à -500 m depuis notre dernière sortie !
Nous nous restaurons au Bivouac -500 après 4 h 30 de descente, puis repartons pour aller au sommet du P11 dans le Court-circuit. Assuré moralement, Fred attaque la remontée de la conduite forcée au dessus du P11 au perfo. Il n’y a pas de traces. Nous remontons en main courante sur une quarantaine de mètres, et arrivons sur un élargissement. Dans l’axe de notre arrivée, un méandre arrive. Dans la glaise, nous trouvons une trace de pas (pas deux !). Bizarre.
Fred, Daniel et moi remontons le méandre. Il est peu large (40 cm), il monte raide avec quelques ressauts de 2-3 m, et surtout, il est nippent à souhait à cause de la fine couche d’argile liquide collée sur les parois. Fred est comblé : il ne voulait pas aller dans les plafonds de la Gourante à cause des 15 m un peu boueux à traverser dans la remontée vers le puits du Balcon. La, il est servit… Nous débouchons assez rapidement dans un grand méandre surcreusé par une conduite forcée de 2 à 3 m de diamètre. Vers l’aval, la conduite forcée est colmatée. Vers l’amont, il faut progresser en coincement entre deux parois tapissées d’argile liquide et glissante. Il y a des traces, visiblement, ça a été visité au moins par une équipe. Nous nous arrêtons sur un élargissement du surcreusement que nous n’osons pas passer sans matériel. Au loin, nous entendons un bruit sourd de rivière. Nous ne savons pas vraiment où nous sommes, mais ce qui est sûr, c’est que nous sommes revenus en direction du Bivouac -500 m. Nous revenons en faisant la topo. Dans le méandre, nous sentons courant d’air de l’aval vers l’amont, pas fort, mais bien net quand même, la question de son existence ne se pose pas.
De retour dans l’élargissement où nous avons trouvé la première trace de pas, Daniel va voir la suite logique de la conduite forcée après une traversée du méandre sous-jacent. La conduite forcée plonge à la verticale sur 12 m, en direction du puits de la Gourance, il faudrait équiper pour descendre. Nous déséquipons le tout (une dizaine de goujons). Evidement, nous avons levé la topographie.
Pendant que Daniel déséquipe, Fred et moi remontons le réseau historique. Nous nous arrêtons sur une traversée du méandre que nous jugeons un peu dangereuse sans corde… Mais en tout cas, cette conduite forcée ne correspond pas à notre terminus. La aussi, il y a du courant d’air net, de l’aval vers l’amont.
Nous remontons à -500 m, où nous attaquons de bon coeur le reste de la nourriture. Nous repartons vers 23 h 30, cette fois en direction de la surface, où nous arrivons à 5 h du matin. A 5 h 45, nous sommes bien au chaud dans nos duvet.
Dimanche 13 mars
Steph et Pauline se lèvent « assez » tôt, mais je n’entends rien… Nous ouvrons tous plus ou moins un oeil peu après 10 h. Steph, Pauline et Virginie vont faire un tour au dessus du refuge. Nous, nous passons notre matinée à manger, et boire chaud ! En tout début d’après midi, le soleil arrive sur le refuge, et nous continuons notre activité mimaient et glouglou. Lorsque nos trois courageux lascars reviennent, ils nous disent que les BA6, BA5 et BA3 sont bien ouverts dans la neige qui est pourtant profonde. Nous redescendons à la voiture en fin d’après midi, au soleil.
Quelques commentaires :
- J’ai rentré la topo : 163 m… Je ne l’ai pas encore rajoutée sur le squelette principal, mais j’ai regardé à la louche : 1) la topo existante est fausse. Le début du passage historique en venant du P11 est au dessus du méandre du Court-circuit, et sur la topo, ce n’est pas la cas. 2) Je ne vois pas où arrive la galerie que nous avons « re »trouvée. Ce qui est sûr, c’est que l’équipe qui y est venue, n’est pas arrivée par où nous sommes arrivés, et que ça n’a pas été topographié. J’en reviens à ce que je disais précédemment, il faut refouiller toutes les CF à partir de -500 m, et refaire toute la topo de ces CF, elle est fausse…
- Une chose à noter : dans les deux galeries en plafond (celle que nous avons topographiée et l’arrivée historique au P11), il y a un vrai courant d’air, de l’aval vers l’amont. Nous sommes en régime hivernal, cela est encore un bon argument pour dire qu’il existe une entrée à l’aval du Bivouac -500, et que celle-ci permet l’aspiration du courant d’air, même avec 1 m de neige fraiche !! Il va falloir prospecter dur pour la trouver !