JB : affluents des Solitarisés et les blocs des Rubis

du 26/07 au 28/07/2024 | Samoëns (74 - Haute-Savoie) | France

Vendredi 26 juillet

Nous sommes neuf à monter au refuge du Folly, bien étalés dans le temps. Personnellement, je monte le premier, en début de soirée, et mange chez Jacques et Marie. Les derniers arrivent au refuge un peu après minuit.

Samedi 27 juillet

Les premiers se lèvent un peu avant 8 h. Comme nous sommes nombreux, nous faisons plusieurs équipes, qui toutes partent dans le Jean-Bernard dans le réseau du Solitaire :

  • Steph, Olivier, Antoine et Mahieddine partent faire les escalades des différents affluents dans la seconde partie des Solitarisés. Je les laisse faire leur compte-rendu.
  • Arnauld, Tristan, Cédric et moi projetons de continuer les explorations à l’amont de la rivière des Rubis/galerie Lafayette
  • Laurence nous accompagne au V4, puis reste à l’extérieur à profiter du soleil et des orages !

Déjà, au début de la montée, je fais deux boulettes. La première, j’ai oublié mes chaussures spéléos, et il me faut redescendre au refuge les récupérer. Puis, je me rends compte que je suis en train de monter au trou la bouteille de vin que j’avais prévue de laisser au refuge. Qui n’a pas de tête a des jambes… La monté se passe bien, surtout pour Cédric qui teste ses genoux ! Nous arrivons au V4 vers un peu avant 11 h, nous mangeons au soleil et entrons sous terre vers 11 h 30 environ.

Pour Tristan, c’est la découverte du Jean-Bernard, et pour Cédric, une rééducation des genoux ! Dans le méandre du solitaire, nous équipons en hauteur le petit puits boueux qui suit la Savonnette. Ce n’est pas encore idéal, mais c’est mieux qu’avant. En fait, pour faciliter le passage, il faudrait surtout faire quelques trous bien placés et enlever l’étroiture en fond de méandre, ce qui éviterait l’utilisation d’une corde ici.

Puis, nous partons dans la rivière des Rubis. Le départ est bien glissant et pas évident à négocier malgré la corde, puis Arnauld refait l’escalade qu’ils avaient déséquipée la fois précédente car considérée comme facile (mais bien exposée !). Puis, je prends la tête de la troupe et monte devant. Derrière, Cédric me suit, puis Tristan, puis Arnauld. Je suis agréablement surpris de la taille du méandre, et surtout de l’actif qui y coule. Nous montons une corde, puis j’attaque la montée des cordes qui suivent, un endroit où il y a eu pas mal de purge, mais où il faut toujours faire attention où poser les pieds, et j’arrive au terminus de la première exploration, à la base de l’E13 qui a été effectuée lors de la dernière sortie dans ce réseau.

Je suis toujours le premier à monter, et comme d’habitude dans un réseau remontant, je donne un coup de phare pour regarder/vérifier la tête de puits. Tout me semble normal, j’accroche mes bloqueurs sur la corde et commence à pomper. A peine décollé du sol (je suis monté de 30 cm environ), je sens la corde au dessus de moi se détendre. Mon pied gauche touche le sol et à ce moment, je comprends que l’amarrage au dessus de moi a lâché. Ce qui est bizarre, c’est que la corde ne me rattrape pas. J’ai le réflexe de me jeter en arrière, je tombe sur le dos au milieu des blocs sur le palier. J’ai du mal à me souvenir exactement de la suite, ça s’est déroulé trop rapidement, et je n’ai aucun souvenir du bruit qui a alerté mes coéquipiers qui se sont mis à l’abri des chutes de bocs. Je ne crois pas avoir crié ou dit quoi que ce soit. Il me semble avoir vu un énorme bloc tomber proche de ma jambe, puis un bloc que j’estime à une cinquantaine de kilos me heurte la poitrine et la tête. J’apprendrait ensuite que d’autres blocs ont dévalé les ressauts en dessous.

Cédric, qui me suivait, m’appelle, me demande si je vais bien. J’entends bien sa demande, mais, choqué, mets du temps à répondre. J’essaye d’abord de comprendre, et fais un inventaire de ma personne. Je comprends que la lame qui constituait la tête de puits a cassé et que la corde au dessus a aussi cassé. Je ne cherche pas à bouger. Je n’ai pas de douleur, mais ai des doutes sur mon intégrité. Je saigne un peu de la tête. Je réponds à ce moment à Cédric qu’il me semble que ça va bien, mais que je veux bien qu’il monte me voir pour faire un état des lieux et pour s’assurer que je peux me déplacer.

Finalement, mes jambes n’ont pas été touchées. J’ai de la chance, énormément de chances, car le bloc qui servait d’amarrage, de 250 à 300 kg est immédiatement contre ma jambe. Il s’en est fallut de peu pour qu’il m’écrase. Le bloc qui est tombé sur ma poitrine, il a été d’abord amorti par un rebond sur une arrête rocheuse tout proche. J’en suis quitte pour une belle coupure sur le nez, qui saigne, et une bonne éraflure sur l’arcade. Et je m’en rendrais compte plus tard, j’ai un bon coup sur le haut du sternum, mais la aussi, sans gravité. Ca aurait pu être beaucoup, beaucoup plus grave, nous avons eu un bol monstrueux.

Ce qui est étonnant, c’est que sur le gros bloc qui est tombé, la corde est toujours accrochée sur la dyneema. Le tisserand s’est tanqué, et Arnauld n’arrive pas à le défaire. Il nous faut la couper au couteau pour la déloger. En revanche, la corde qui continuait à monter au dessus est cassée/coupée net à la sortie du noeud de jonction (de chaise). Nous sommes surpris que ce soit la corde qui ait cassé, et non la dyneema.

Pour nous remettre de nos émotions, nous mangeons un coup. Il est 15 h. Chez moi, le contre-coup arrive, je suis limite nauséeux. Nous décidons de scinder notre équipe, je remonte doucement avec Cédric, tandis qu’Arnauld et Tristan refont l’escalade et continuent les escalades au fond du réseau. Il équiperons 2 E5/6, grimperons un libre une autre E5 (à équiper), et s’arrêtent sur une nouvelle escalade un peu plus haute, mais toujours dans de beaux volumes et avec le courant d’air aspirant.

De notre côté (Cédric et moi), la montée se passe bien, hormis le fait qu’il me faut m’arrêter toutes les cinq minutes pour éponger la goute de sang qui me fait loucher. Nous sortons à 18 h 30 du trou (TPST : 7 h). Les sacs  et l’herbe sont mouillés, il a du pleuvoir en fin d’après midi.

Nous retrouvons Laurence au refuge, où nous mangeons. Tristan et Arnauld arrivent vers minuit, et l’équipe des Solitarisés vers 3 h 30.

Dimanche 28 juillet

Nous nous levons entre 8 h 30 et 9 h, nous lavons le matériel, et mangeons une grosse croziflette au refuge du haut. Nous descendons étalés dans l’après midi au parking où nous avons le plaisir de croiser Gérard (Protat) qui vient de passer quelques jours sur Samoëns !

Bilan :

Environ 250 m de première, environ 200 m de topographie, quelques points d’interrogations à continuer (affluent de la Crémière).

Pour ce qui est de l’accident, a priori, la cause provient d’une erreur d’appréciation de la solidité du bloc utilisé comme amarrage. Je ne l’ai pas vu en place directement, je ne sais pas ce qu’il donnait au sondage, mais ce que j’ai vu du bas avant de m’engager sur la montée ne m’avait pas paru problématique. Je dirais même que si c’était moi qui avait équipé ce puits, je l’aurais très probablement équipé de la même manière.

Nous avons remonté un bout de la corde qui a cassé (50 cm). D’après ce qu’Arnaud m’a dit, le bout qui restait en place était tout entortillonné sur lui même. Je le garde dans l’éventualité où quelqu’un souhaite l’analyser et la faire tester.

Aussi, même si au final ma prise en charge n’a pas demandé beaucoup d’investissement, Cédric, Arnauld et Tristan ont très bien géré, ils ont eu les gestes et le mots qui m’ont rassuré et aidé. Je tiens à les remercier, ça fait chaud au coeur de savoir qu’on peut compter sur ses co-équipiers, même si je n’en doutais pas !

Et quatre jours après, j’ai le nez toujours bien enflé, et un bon coquard sous l’oeil droit qui me fait loucher…

TPST : 7 h à 16 h suivant les équipes

Participants à l'activité

Stéphane LStéphane L.
Xavier RXavier R.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *