Vendredi 09 juin
La météo est annoncée à la pluie fixe pour tout le weekend, mais l’appel de la première au Jean-Bernard est le plus fort, et nous décidons de braver la pluie ce weekend. Nous ne risquons rien, notre objectif est de continuer les explorations dans les fossiles du Solitaire, en espérant arriver au Bivouac -500 m.
Ca commence bien, en fin d’après midi, Steph vient chez moi en vélo, et prend un douche, heureusement courte, ce qui lui permet de sécher sur ce qu’il lui reste comme trajet à vélo ! Nous récupérons Clément à Montbonot, puis retrouvons Cédric à Aix-les-Bains. Nous arrivons sur le parking un peu après 20 h, et à 20 h 30, nous partons. Contre toute attente, il ne pleut même pas, même pas drôle ! Mais l’air est saturé d’humidité, et nous suons comme des boeufs… Nous arrivons au refuge à 22 h. Tout en mangeant, nous préparons les kits pour demain. Nous faisons une razia dans les cordes du refuge, ainsi que dans les amarrages…
Samedi 10 juin
Les copains sont sympas et ne m’ont pas infligé un réveil aux aurores, mais à 8 h. Le temps de manger, prendre un Xème café chez Jacques, puis de monter au trou, nous entrons sous terre à 11 h par le V4. Ce n’est qu’au moment de nous changer que les premières gouttes sont tombées, nous laissant faire la montée au sec.
Nous descendons assez rapidement, et 2 h 15 après être partis, nous sommes au terminus des Solitarisés. Sur le trajet, à 3-4 endroit, nous entendons le collecteur qui gronde en dessous de nous. Nous ne le voyons pas, mais vu le bruit, il doit être bien important ! Aussi, tout le réseau du solitaire est parcouru par un courant d’air soufflant fort, lié à la convection générée par les cascades dans le collecteur. C’est assez impressionnant. Juste après la main courante au dessus du puits du Complexe, Clément retrouve le pantin (enfin, le bloc de boue) de Fred G.
A la base du dernier puits que nous avions descendu lors de la précédente exploration (Fred D., Fred G. et moi-même), Clément attaque l’escalade pour atteindre la conduite forcée dans le joint de strate. Steph l’assure. Cédric et moi ouvrons le kit bouffe, et nous restaurons un poil, puis commençons à creuser dans la glaise au niveau d’un départ repéré par Steph, qui aspire de l’air.
Clément sort l’escalade, et remonte sur une dizaine de mètres. Ensuite, la conduite forcée se divise, une branche est impénétrable, l’autre est colmatée sans courant d’air au bout de 10 m aussi. Il redescend en déséquipant.
De notre côté, Cédric a bien creusé, il a dégagé le virage, mais maintenant, il faut creuser la montée. Steph et Clément mangent un peu puis se collent à la désobstruction. A leur terminus, la galerie s’horizontalise et il faudrait continuer à creuser sur 4 m de long a minima.
Pendant ce temps, Cédric et moi prenons le matos d’équipement et allons au terminus de Fred D. La dernière fois, il m’avait dit s’être arrêté sur un P2. En fait de P2, c’est un joli P7 qui donne dans une salle notable. J’équipe, nous descendons et nous fouillons. En revenant sur nos pas, sous le puits, le méandre continu et est bien profond (j’y ferais une visée de 37 m…). La suite est logique, tout droit dans la direction de l’aval du trou. Nous arrivons sur un P5 que Cédric descend en libre, et pendant que je l’équipe, il descend une petite conduite forcée pleine d’aiguilles de gypse jusqu’à une étroiture dans la glaise sèche (5 cm de revanche). Le temps que j’arrive, il s’est transformé en bulldozer, et le passage fait 60 cm de haut pour autant de large sur le mètre qu’il fallait désobstruer. Derrière, nous arrivons au sommet d’une nouvelle grande salle, avec une belle cascade qui arrive du nord. J’équipe, et au moment ou je termine, Steph et Clément nous rejoignent. Ils passent devant en nous prenant le matériel d’équipement.
Cédric et moi remontons jusqu’au début de la première, Cédric récupère le matos qui reste, et j’attaque la topo tout en grommelant parce que j’aurais bien fait la topo sur le retour… Mais la suite nous confirmera que c’était finalement la meilleure solution de faire la topo en descendant.
Assez rapidement, nous revenons au niveau de la salle au sommet de laquelle nous nous étions arrêtés ; l’eau arrive d’un beau méandre, de 7 m de haut environ, 1.5 m de large, surmonté d’une belle conduite forcée, et il faut mettre une corde pour y accéder. Aujourd’hui, le débit est conséquent (30-40 l/s ?), et l’eau disparait dans un puits non descendu. Nous laissons cet affluent et continuons vers la suite logique de la galerie. Nous remontons sur des blocs, puits arrivons au sommet d’un P4 étroit. Et encore, Steph me dira à la remontée que la tête de puits à été bien agrandie… Une main courante permet de passer au dessus de l’élargissement du méandre sous-jacent tout en gardant la conduite forcée. Les départs vers la droite (nord) sont colmatés, il faut rester plutôt sur la gauche pour arriver sur des blocs puis un P8.
A la base de ce P8, comme nous entendons l’équipe d’équipement juste devant entrain de percer, nous prenons le temps de topographier un bout d’étage intermédiaire dans le méandre, puis remontons l’E4 en face du P8. Ici, l’équipement est bizarre à cause d’un mic-mac de cordes ! Juste après l’E4, nous descendons un beau P12. La conduite forcée continue tout droit, en bas du P12, mais au bout de 10 m, des blocs rendent la progression difficile. Au lieu de la suivre, nous descendons un P3, puis suivons une main courante au dessus d’un élargissement profond du méandre. Un gros courant d’air en provient (très probablement à cause du collecteur en crue). C’est là que nous rejoignons nos deux acolytes. Steph est devant, en train en train de terminer une E6 dont le sommet est constitués de blocs branlants. La fin de la remontée sera nommée « Le Mikado », allez savoir pourquoi…
Juste après, la galerie redevient une belle conduite forcée de 4 m de large, avec un beau sol en carreaux de chocolat. Nous laissons sur la droite un affluent qui arrive sur le joint de strate à 4 m de haut environ. Il y a un départ, c’est une petite conduite forcée de 1 m de diamètre au maximum. L’eau s’enfile dans un puits difficilement pénétrable.
La conduite forcée continue, toujours aussi jolie. Au loin, nous entendons un grondement. En rive droite, une E2 donne sur une conduite forcée remontante de 2 m de large. Elle redonne au sommet de la salle d’où provient le grondement.
Nous descendons un P6 dû au surcreusement de la conduite forcée. Vers l’amont, il est possible de descendre dans le méandre. Un gros courant d’air soufflant en arrive. Au bas du ressaut, le courant d’air arrive de la trémie à nos pieds, et elle semble difficilement désobstruable. La suite du méandre donne sur le bas de la cascade de l’affluent précédent, mais l’eau se perd dans les blocs.
De retour dans la conduite forcée, nous laissons la suite logique du méandre pour grimper sur la banquette par une E1,5 m. Plus nous avançons, plus l’argile devient humide. Nous arrivons au sommet d’une belle salle, où arrive un gros affluent, bien plus important que tout ce que nous avons vu jusqu’à présent. C’est impressionnant, la cascade vient s’écraser 10 m plus bas sur un gros bloc cubique. A sa base un puits serait à descendre en période d’étiage. L’eau arrive du joint de strate, mais on voit une galerie de 3 m de large pour 1,5 m de haut, au moins. Au niveau de la tête de puits, nous voyons que toute la strate est bien décollée sur plusieurs dizaines de mètres. Nous nommons cette salle « la salle du Décollement ».
Nous descendons le P10, puis le P6 pour prendre pied au fond de la salle. La conduite forcée tourne vers le sud et descend dans le pendage. Nous laissons un point d’interrogation en hauteur à l’ouest (départ de galerie ? Suite du réseau ?), et continuons à descendre sur de belles fentes de dessiccation. Malheureusement, la conduite forcée se colmate vers l’aval, et il ne semble pas y avoir de courant d’air. Peu avant le terminus, nous grimpons sur la gauche (est). C’est un bouclage de la conduite forcée qui rejoint la salle du Décollement. En plafond, une petite conduite forcée a été visitée par Clément, mais comme partout, c’est colmaté. Ca sonne l’heure de la retraite. Ca tombe bien, nous avons posé nos 160 m de cordes, et vidé presque trois batteries…
Nous nous posons au terminus, à l’abri du courant d’air et des embruns, pour grignoter un bout. Depuis 14 h, nous n’avons pas arrêté, et il est déjà 20 h 30. Nous attaquons la montée à 21 h. A 22 h, nous sommes au début de la première, et nous nous octroyons 15 min pour grignoter encore un peu, boire un café et refaire les kits.
La suite de la montée est longue. Plus nous montons, plus chaque obstacle devient éreintant. Je crois que la boue omniprésente n’arrange pas les choses… Nous ne sommes pas rapides, mais je ne peux pas aller plus vite sans faire crier les muscles. J’ai bien l’impression que je ne suis pas le seul éclaté, alors, nous prenons notre temps en patience, et arrivons dehors à 3 h 20. Nous avons mis 6 h pour remonter du fond…
Dimanche 11 juin
A la sortie, il ne pleut plus, il y a même des étoiles. Dans la descente, nous croisons un renard qui a l’air de se poser pas mal de questions sur notre présence dans son garde manger en pleine nuit. Nous nous couchons à 4 h 30.
8 h 30, tout le monde est levé… Enfin, pas moi, faut pas déconner quand même… J’ai mal partout, je reste à farnienter dans mon duvet jusqu’à 10 h. Mais les copains sont sympas, ils ne font pas de bruit !
Quand je me lève, Clément est en train de faire un kit pour aller poser quelques goujons de 10 mm pour sécuriser le tuyau d’eau du refuge, au niveau de la petite falaise juste après le départ vers le plan du Velar. Cédric et Steph nettoient le matos (il en a bien besoin…). Nous finissons quand même dans les transats, au soleil, à boire du café.
Quand Clément revient, nous montons boire une bière et manger chez Jacques. Ca nous requinque bien. Sa nouvelle tarte aux myrtilles est pas mal, ça vaut le coup de la tester !
Nous rangeons le refuge et descendons en regardant les orages monter autour de nous. Mais nous ne voyons pas une goutte de pluie. Steph et moi passons par le chemin du bas pour aller voir els résurgences sous le Tuet. Celles du bas crachent pas mal, mais celles du haut sont sèches et avec du courant d’air soufflant froid !
Nous revenons sur Aix-les-Bains, puis Montbonot. Plus nous approchons de Grenoble, plus le ciel est noir. Lorsque Steph récupère son vélo pour rentrer chez lui (quel courage !), il tombe quelques gouttes !
Bilan :
J’aime bien la pluie annoncée quand elle est comme ce weekend…
Au total, en enlevant les visées dupliquées, nous avons fait 605 m de topographie. En extension, nous avons avancé de 200 m environ en direction du bivouac -500 m. Le terminus est à la profondeur -420 m par rapport au V4. Nous avons posé 160 m de cordes dans la sortie, il n’y en a plus dans le réseau, et plus beaucoup au refuge, il va falloir en acheter (de la 9 mm, c’es moins lourd/encombrant !) et en monter au refuge avant le camp !
La topographie va arriver tout bientôt, dès qu’elle est validée par l’équipe !
La suite n’est pas évidente. La grosse conduite forcée que nous avons suivit se termine sur un colmatage. Il faudrait la revoir à l’étiage, pour ne pas être perturbé par les courants d’air liés à la crue du collecteur.
Ceci-dit :
- nous avons laissé une escalade à faire pour vérifier s’il y a ou pas un départ, proche du terminus. C’est peut-être une clef.
- Sinon, il faut atteindre les différents affluents et les remonter. Là, c’est sûr, il y a de la première à faire, et qui sait, peut-être que nous recouperons une autre conduite forcée parallèle. En effet, ces affluents coulent sur le joint de strate où se développent toutes les conduites forcées du réseau !
- Il y a toujours à descendre les puits dans le méandre où il y a du courant d’air de crue
Bon, ça fait de bonnes sortie, mais y a plus qu’à !