Vendredi 06 janvier
Les deux Fred montent au refuge dans l’après midi, sous un beau ciel. Ils montent environ 80 m de cordes. De mon côté, j’arrive au parking à 19 h 30, je charge la bête avec les batteries du perfo et une soixantaine de mètres de cordes et monte, en suant à grosses gouttes. Il faut dire qu’il fait bon chaud pour la saison… Je ne croiserai pas la neige entre le parking (du haut !) et le refuge où j’arrive un peu avant 21 h.
Samedi 07 janvier
Nous nous levons à 8 h. Nos objectifs du jour sont d’aller dans le réseau du Solitaire, en équipant le ressaut merdique (glissant) qui suit la galerie Pixa, de retravailler les mains courantes d’accès à la base du puits de la Savonnette, d’équiper le toboggan d’accès aux puits parallèles, et bien évidement de continuer l’explo au terminus précédent !
A la montée, nous mettons le pied sur la neige au niveau du départ vers le A21. La neige est très dure car complètement gelée. Nous ne nous enfonçons pas du tout, et sommes bien content qu’il y ait des traces déjà bien imprimées pour sécuriser nos pas ! Finalement, nos raquettes à neige restent sur le sac à dos…
Nous entrons sous terre par le V4 vers 11 h 20, et filons vers les Savoyards puis la galerie Pixa. Juste après le P5, j’équipe le ressaut avec une petite corde et deux Dyneemas pour faciliter la remontée. En effet, ce ressaut est bien boueux et glissant à la remontée. Dans les mains courantes du Solitaire, Fred D. retend la main courant lâche et longue juste avant d’arriver à la Savonnette. Il rajoute aussi deux points bienvenus. Ce n’est pas encore super confort, mais c’est mieux qu’avant, il n’y a pas photo.
Nous arrivons rapidement au carrefour Daniel, puis au sommet du toboggan qui donne accès aux Puits Parallèles. C’est ici que Cédric, la dernière fois, n’avait pas osé remonter ce pan incliné en arrivant des puits Parallèles. Je comprends tout à fait le pourquoi, et heureusement que Fred D. pose une corde, sans quoi j’aurais fait un refus d’obstacle, c’est quand même bien exposé. Maintenant, ça passe mieux. Les nouveaux Puits Parallèles n’ont pas été purgés complètement, il reste encore pas mal de blocs en équilibre, il faut s’étaler pour éviter la chute d’un bloc sur un coéquipier. Il faudra déséquiper ces puits, purger correctement, et rééquiper confortablement.
Plus nous descendons, plus j’entends Fred G. souffler derrière moi. Depuis ce matin, ce n’est pas la grande forme, et l’ambiance boueuse du Solitaire n’aide pas à gagner en confiance…Il faut dire que ça fait longtemps qu’il n’a ps fait de grosse sortie, et je suspecte qu’il se dit s’être fait prendre dans un traquenard… Il maudit la main courante traversant au sommet du putis du Complexe, puis encore plus celle entre l’escalade et le P8 donnant dans la belle première du 11 novembre dernier. Elles sont effectivement sportives à franchir, glissantes, aériennes et avec un équipement pas confort (mais pas facile à faire)…
La suite redevient bien plus sympa : pas mal de gros volumes, la glaise est plus sèche, il y a beaucoup de sapins d’argile de toute beauté (voir les photos de Fred G. : https://photos.google.com/share/AF1QipOJ-G4b8GxHre6J83GSUTdHu9tIuP2qEKVExzdqjfzXtSfRc70C2UyaHcZDDUrIBg?key=YzdmSEwzVXRFVzhKTGgwY2VSbE1fOElBYUxwbDl3), et de superbes carreaux de chocolat ! Dans les grand volumes, je suis impressionné par la fraicheur des blocs tombés du haut, et des impacts « frais » sur les parois. A 16 h 30, nous arrivons au sommet de la dernière corde descendante avant l’escalade de 7 m. Nous n’avons pas arrêtés depuis le départ du refuge et avons l’estomac dans les talons. Nous mangeons, et le moral de tous remonte en flèche !
A 17 h, nous continuons pour aller au terminus. C’est rapide, et j’attaque la suite de l’équipement : une petite main courante pour passer au dessus d’un puits, puis j’arrive au sommet d’un P7. Autant la main courante était en sommet de méandre, dans un petit volume, autant la suite s’annonce bien grande ! Le P7 est vite équipe. On a l’impression qu’une conduite forcée arrive du plafond ici, et que nous retrouvons la suite logique du réseau. A la base du P7, il est possible de suivre le méandre vers l’amont (arrêt sur un ressaut non descendu), ou de continuer sur un joli sol avec des carreaux de chocolat. Ici, c’est large (environ 4 m), et nous arrivons sur un pan incliné. La encore, la corde est vite installée (P4), et nous permet de prendre pied dans la suite de la salle/galerie. Ici, la galerie tourne clairement vers le sud. Le plafond, cupulé, est à 7-8 m de haut, la galerie mesure 4 à 5 m de large. Au sol, il y a quelques blocs, mais aussi des carreaux de chocolat en grand nombre et profonds. Au pied du P4, un puits descend dans le méandre. Au dessus, une conduite forcée arrive du nord-est, il faudrait faire une E7 pour l’atteindre.
Nous passons sous un blocs et descendons la galerie. Le remplissage devient de plus en plus important, et nous touchons bientôt le plafond. Nous laissons un départ de conduite forcée sur la droite (ouest) colmaté. Nous passons une petite étroiture et nous arrêtons dans une petite salle basse. Fred D. franchit un ramping, arrive sur un méandre blanc de gypse et s’arrête sur un ressaut de 2 m à équiper. Au vu de l’heure et de la fatigue de Fred G., nous décidons de nous arrêter là et de faire demi tour en levant la topographie. Le premier point topo est au départ du ramping, en plafond et bien matérialisé. Il me semble qu’il y a de l’air qui passe, ce qui serait compatible avec tout le gypse trouvé dans la zone, mais rien n’est vraiment franc. Nous ne savons pas si nous perdons le courant d’air quelque part avant, ou si c’est dû à la température extérieure qui est proche de l’équilibre thermique avec la cavité.
Je remonte tout doucement avec Fred G. en faisant la topo pendant que Fred D. prend la corde restante et la perfo pour descendre le puits à la base du P4. Il descend de 7 m sur corde, puis suit un pan incliné vers l’amont du méandre, et s’arrête au sommet d’un puits de 2 m de diamètre, qu’il sonde sur 10 à 15 m. En faisant la topographie, nous trouvons un squelette de chauve souris sur le remplissage.
A la base du P4, nous laissons une C10, avec 9 plaquettes/goujons/maillons. Au total, nous topographions 132 m pour un dénivelé de presque 30 m, auxquels il faut rajouter 12 m estimés dans le puits qu’on traverse au début de la première. Nous revenons ensuite en arrière en tentant de fouiller les plafonds pour voir si nous n’avons pas raté quelque chose. Ce qui semble le plus intéressant, c’est quasiment au niveau de l’E7, il y a une escalade de 25 à 30 m à faire, et au sommet, il semble qu’il y ait un départ de conduite forcée, et ce n’est pas du tout dit que ce soit la même que celle ou nous étions au terminus.
A 20 h bien tapés, nous sommes de retour au sommet du P7 précédent l’E7 où nous mangeons un bout et nous reposons un peu. Nous laissons ici une C15 et une C30. Nous attaquons ensuite la remontée. Entre la vire glissante l’E7 au dessus de la zone du Complexe, Fred G. perd ton croll de pied, il s’en rendra compte à la base des puits Parallèles.Dans ceux-ci, je monte en premier, et fait tomber un bloc de plus de 30 kg… Heureusement, il ne touche ni mes coéquipiers, ni les cordes ! Mais j’en suis tout de même quite pour une bonne frayeur.
Nous sortons à 1 h 30… Nous ne nous changeons pas, et descendons dans la foulée vers le refuge. La neige dure et verglacée est bien glissante, et nous faisons quelques belles chutes, heureusement sans nous faire mal ! Nous arrivons au refuge un peu avant 2 h 30, mettons le matériel sale sur le muret dehors à se faire laver par la pluie annoncée, et nous nous couchons à 4 h passées !
Dimanche 07 janvier
A 10 h, le réveil pique un peu. Fred D., le premier debout, ouvre la porte… et vois que tout est blanc dehors. Dans la fin de nuit, il est tombé 10 cm de neige… Pour le lavage du matos, c’est raté ! Après le petit dèj, les Fred se motivent pour braver le pluie froide et aller laver le matos au bac du refuge du haut. Nous plions le refuge, et descendons dans la vallée à 15 h. Je descends les deux batteries du Festools que nous avons vidées hier, ainsi que les deux batteries Hilti qui se sont partiellement déchargées avec le froid. Au refuge, il reste environ 80-100 m de cordes. Nous arrivons aux voitures à 16 h, bien humides.
La topographie va bientôt arriver, mais en attendant, vous pouvez visualiser les photos de Fred G. ici : https://photos.google.com/share/AF1QipOJ-G4b8GxHre6J83GSUTdHu9tIuP2qEKVExzdqjfzXtSfRc70C2UyaHcZDDUrIBg?key=YzdmSEwzVXRFVzhKTGgwY2VSbE1fOElBYUxwbDl3
Nous avons continué le réseau du Solitaire sur 130 m environ. Pour moi, il y a au moins deux points majeurs à aller voir : évidement la suite de la galerie, nous ne sommes pas à l’abri de retomber sur de jolis volumes, mais aussi la conduite forcée qui part dans le coude au niveau du P4. Si nous sommes sur un niveau intermédiaire de tout cet ensemble de galeries et méandres, ce départ pourrait nous permettre de récupérer le gros volume supérieur, s’il existe et si le colmatage n’est pas trop important.
Pour Fred D., il faudrait aussi aller voir le puits sur lequel il s’est arrêté en descendant dans le méandre sous le P4. Effectivement, c’est à voir, mais il faut garder à l’esprit que ce départ revient en arrière, et risque de nous éloigner du réseau de conduites forcées sommitales. En tout cas, il reste pas mal de travail à faire dans la zone !