Vendredi 28 janvier
J’arrive au Parking du bas vers 21 h 30. Le temps de me préparer, je pars un peu avant 22 h. Arno et Lolo arrivent peu de temps après et démarrent la montée vers 22 h 15. Le chemin est très verglacé jusqu’au croisement avec le chemin du parking du haut. Ensuite, ça va mieux, mais nous n’avons pas besoin de chausser les raquettes. 1 h 40 plus tard, j’arrive au refuge, Arno et Lolo me rejoignent 10 min plus tard !
Samedi 29 janvier
J’ai mis le réveil, histoire de ne pas se lever à 14 h… A 9 h 30, nous partons bien chargés (80 de cordes, une dizaine d’amarrages, un perfo, et notre bivouac), cette fois avec les raquettes. La trace d’il y a deux semaines est encore bien visible, et la neige très dure. La monté est plutôt facile, et 45 min plus tard, nous sommes devant le trou. Nous entrons sous terre un peu après 11 h.
Pour moi, la descente se fait plus facilement qu’il y a 2 semaines : déjà, je n’ai pas la monté au refuge dans les pattes et mon kit est un peu moins lourd (moins de bouffe). Nous descendons tout de même tranquillement en faisant quelques photos. Arno pose une déviation sur le puits où la dèv avait disparu et où la dernière fois, nous nous étions bien fait mouillés. Dans un des puits, nous devons isoler une nouvelle tonche avec noeud. Les cordes vieillissent, il faut les changer, et c’est urgent maintenant. Nous arrivons au bivouac -500 m un peu avant 15 h. Nous nous restaurons, posons nos affaires de bivouac, puis repartons dans la foulée vers la Gourance.
Au P11, nous changeons la corde du puits (pas la MC, elle est encore correcte). Nous ne comprenons pas pourquoi la vieille corde du puits est aussi tonchée, il n’y a aucune raison vu qu’elle ne touche pas le caillou ici, sauf à progresser comme un bourrin. Au puits de la Gourance, nous devons isoler une nouvelle tonche, proche du bas du puits. La aussi, la corde est bien malade, la prochaine fois, il faut la changer, et surtout rééquiper proprement pour éviter la touchette du bas et donc la tonche engendrée. Nous remontons en face et prenons la corde qui monte vers les plafonds. C’est comme dans mon souvenir : boueux, ça frotte de partout, il faut monter avec précaution et douceur ! Heureusement que ce n’est pas un passage que du monde franchit !
Nous fouillons un peu pour trouver le passage pour aller vers le bas du P30. En effet, c’est un des rares endroits de ces plafonds que je ne connais pas. Par erreur, je monte la petite corde qui va vers le sommet du puits. Ici, le volume de la galerie assez grand (gendre 2 m de haut pour autant de large), et je suis surpris d’y ressentir un courant d’air montant bien sensible. Finalement, Arno trouve le bon passage, et nous arrivons devant la première. Nous prenons de quoi équiper et le matos topo. Arno s’enfile dans la petite conduite forcée (1 m de diamètre), sur la faille. 8 m plus loin, nous arrivons sur P7, assez vite équipé. Dans la conduite forcée, il y a un petit courant d’air allant du bas vers le haut (soufflant par rapport à la base du P30, soit même sens qu’au dessus). La base du P7 est une belle salle, le sol est constitué d’une trémie de gros blocs. En fait, nous sommes dans un gros méandre, plus au plafond, mais pas au fond non plus ! Ici, il faut 6 à 7 m de large ! Au plafond, vers le NE, nous devinons une conduite forcée très surcreusée. Je ne sais pas si ça vaudrait le coup ou non de tenter de l’atteindre et de la suivre (tout serait en artif et MC).
Nous prenons dans cette même direction NE. La trémie parait très fraiche, il y a des rayures sur les blocs et des impacts très visibles et impressionnant. En bout de cette trémie, nous descendons en désescalade deux, puis trois ressauts bien exposés. Arno est chez lui, c’est un vrai cabri, Lolo et moi suons à grosses gouttes. Le méandre est toujours aussi large, et nous sommes bien au milieu ! Je dis à Arno que je ne serais pas étonné si ce méandre est le méandre Damoclès, exploré quelques années plus tôt, mais que je ne connais pas. Arno nous annonce qu’il vient d’arriver sur des traces de pas bien visibles… Nous remontons le méandre, et arrivons sur la corde du P5. Ca y est, nous avons bien jonctionné avec le méandre Damocles. Je suis étonné parce que j’avais compris que le Damoclès était un méandre infâme, et franchement, ce n’est pas le cas : il est grand, large, haut, plein de concrétions de gypse (dont des cheveux d’anges de 3 à 4 cm de long qui bougent dans le courant d’air !), et bien sec.
Nous faisons demi tour pour aller explorer la seconde partie à la base du P7 que nous avons descendu. Sur le chemin dans le Damoclès, au niveau du virage à 180°, nous repérons une escalade d’une dizaine de mètres, avec l’arrivée d’un beau méandre. Il n’y a pas de traces, c’est à faire.
A partir de la base du P7, nous partons vers le SO, cette fois. C’est grand, mais nous nous arrêtons sur un petit puits de 4 m. Arno passe par le plafond en opposition, nous le suivons. Il redescend dans la galerie un peu plus loin en désescalade, Lolo descend, parée, mais fait un beau glissé de plusieurs mètres, et moi, je fais un refus d’obstacle, j’ai trop peur de me la coller. Nous revenons au petit puits, et je l’équipe. Pendant ce temps, Laurence nous dit que la galerie butte sur un remplissage de glaise, et elle commence à creuser. En effet, une belle dune de glaise sèche provenant du haut bouche toute la conduite forcée. Ca a l’air de remonter, ce n’est pas dit que ce soit intéressant à creuser, ça a l’air de revenir vers la base de l’escalade des Marteaux (le report topo montre que je me trompe…, c’est plutôt à la base du P12 non descendu). Au sol, il y a quelques points blancs, de 1 à 2 mm de diamètre. Ce sont des moisissures, et la seule solution, c’est que ce soient des insectes morts qui moisissent. J’avais déjà fait cette observation dans la galerie de la Chauve Souris. Nous tombons d’un commun accord pour appeler cette galerie/salle, la salle des Trois Masos. A 15 m du terminus, un cailloux lancé vers le bas dans la trémie rebondi très longuement. Nous sommes pile poil au dessus du puits de la Gourance.
Nous commençons la topo en revenant sur nos pas. Arno et moi topographions aussi la partie jusque vers la base du P30, départ de notre exploration, et récupérons le matériel laissé. Laurence, pendant ce temps, commence à équiper ce que nous avions désescaladé. Nous la rejoignons, Arno prend la relève, et Lolo termine la topo avec moi. Nous topographions jusqu’au sommet du P5 parce que nous ne trouvons pas de points topo marqués dans le méandre Damocles. Au total, ça fait 130 m de topographie, dont probablement 50 m de doublon avec ce qui existe déjà. A voir une fois la topographie entrée sur le plan général. Au vu de l’heure, nous décidons de ne pas faire l’escalade entrevue, et remontons au Bivouac. Nous en profitons quand même pour rallonger la main courante du P5 et ainsi sécuriser le mono-spit malade de la tête de main courante. Cela nous a permis de noter un bon courant d’air de l’aval (Gourance) vers l’amont (Bivouac) au niveau de cette tête de puits. L’accès que nous venons d’équiper permettra d’arriver au sommet de la Gourance bien plus rapidement que par la Gourance en elle même, et en plus, c’est un peu plus propre. Nous allons pouvoir déséquiper l’accès par l’aval de la Gourance la prochaine fois.
En bout de la main courante du P11. Laurence trouve un truc bizarre au sol : des moisissures, mais nous avons l’impression qu’elles se développent sur une merde d’animal en forme d’olive, et l’ordre du centimètre de long. C’est étonnant ici ! Nous arrivons au bivouac -500 m vers 23 h 30. Le temps de nous désapper, de nous restaurer, de finir de sécher (pour une fois, nous sommes presque secs !), et de refaire le monde, nous nous couchons à 1 h bien tapés.
Dimanche 30 janvier
7 h. Le réveil sonne. Je rallonge de 10 min, puis à 7 h 15, nous nous extirpons tant bien que mal de nos duvets. Nous y étions bien, et la nuit a été plutôt bonne pour tout le monde, même si elle était trop courte ! Nous plions le bivouac, nous prenons un bon petit dèj, et à 9 h 15, nous quittons notre résidence secondaire.
Nous remontons d’un bon rythme, je suis devant, et je n’ai pas besoin de les attendre ! Au puits de la Rivière (à vérifier si c’est bien le bon, je m’y perds dans les noms des puits dans la rivière !), à l’aller, nous avions isolé une belle tonche. Au retour, nous déséquipons carrément la corde, elle est en trop mauvais état pour la laisser, il faut la changer. Arno la charge dans son kit pour la ressortir. A 1 h 20, nous retrouvons tous le soleil après 4 h de montée.
Il fait bien beau, et presque chaud pour un mois de janvier. La neige en a encore pris un coup. Nous descendons au refuge, nous y posons un peu, puis descendons dans la vallée un peu après 15 h. Nous arrivons au voitures à 16 h 30, et rentrons chez, nous encore dans les bouchons !
Bilan
Déjà, ça a été une super sortie. Nous sommes tous les trois enchanté de ce que nous avons fait !
A propos de l’équipement : Pas toutes les cordes, mais une grande partie des cordes de la rivière est malade à très malade. Nous avons retiré la plus mauvaise, ce qui fait qu’aujourd’hui, ce n’est pas possible de rejoindre le Bivouac -500 m à vide, sans corde. Idéalement, il faudrait que la prochaine sortie soit une sortie (ré-)équipement de la rivière, en changeant les cordes problématiques, et surtout, en rééquipement les quelques puits qui sont malcommodes (il y en a 3 ou 4), de façon à rendre la progression plus facile : rallonger les MC, mieux les positionner, décaler les têtes de puits pour passer au plus large et non au plus étroit, doubler quelques points,… Il est à noter que certains goujons tournent (frac du puits de la Rivière, par ex, il faudrait le rééquiper pour éviter le frottement et s’éloigner de l’eau, mono-point du P10 suivant…). La descente à -500 m n’est pas une sortie difficile, mais aujourd’hui, avec l’état de l’équipement actuel, il faut que les personnes qui descendent/montent sur les cordes sachent vraiment bien se positionner pour éviter les frottements, ce n’est pas un équipement de classique propre. Pour moi, le rééquipement est urgent, et devrait être fait lors de la prochaine sortie.
Aussi, la corde de la Gourance est morte. Nous ne l’avons pas enlevée, mais il faut la changer obligatoirement lors de la prochaine sortie, et en profiter pour modifier l’équipement pour éviter le frottement sur la lame (et sous la pluie).
A propos de la première, il y a plusieurs points à noter :
- Le shunt que nous avons exploré permet un accès beaucoup plus rapide au sommet de la Gourance (facile 30 à 40 min de moins), et bien plus sécurite que par l’accès historique : c’est moins boueux et l’équipement est plus propre. Lors de la prochaine sortie dans la zone, il faudra déséquiper l’ancien accès. En revanche, je ne pense pas que pour aller vers l’aval, ce soit le chemin le plus simple… L’itinéraire par le puits de la Gourance est plus simple, moins technique, moins boueux et plus rapide.
- Je n’ai pas encore mis au propre la topographie, mais il y a tout de même certains points qui ressortent. Déjà, l’escalade que nous avons repérée dans le Damoclès, est située dans le virage à 180° qui suit la traversée du P5. Elle n’avait pas été notée lors de l’exploration de ce méandre. Cette escalade est positionnée juste en dessous et dans l’alignement de la conduite forcée que nous avions explorée au sommet du P11 lors de l’hiver 2016. Cette conduite forcée arrive dans une salle ou nous étions monté dans un petit méandre. Le sol de cette salle est le départ d’un gros méandre, que nous n’avions pas descendu. Je suis persuadé que c’est la même chose, il en faudrait peu pour jonctionner ici aussi.
- Au sommet du méandre Damoclès, il y a une conduite forcée très surcreuser. Je ne dis pas que ça donnerait quelque chose, mais peut-être que ça vaudrait le coup d’aller y faire un tour pour être fixé quant à un potentiel départ que nous aurions raté.
- Enfin, il est à noté que tous les courants d’air noté ce weekend sont concordants : ils indiquent tous un sens de l’aval du JB en direction de l’amont du JB. Du coup, j’ai du mal à concevoir que ces courants d’air soient uniquement liés à des boucles de convection dans ce labyrinthe en 3D. Je pense que dans la zone entre -900 m et le S1, il y a une entrée, peut-être fortement colmatée vu que le courant d’air est présent mais pas fort, que nous n’avons pas trouvée, et potentiellement, un départ que nous avons raté ou non visité quelque part dans les amonts de la Gourance. Aujourd’hui, le seul départ connu non atteint serait celui au sommet du P8. Si le courant d’air de part pas ici, il faut revisiter le méandre des Pédales pour voir si rien n’a été raté.
- Enfin, on verra lors du report de la topo, mais j’ai l’impression que toute la partie des plafonds de la Gourance n’est pas très bien positionnée. Il y a probablement un décalage à faire de toute cette zone de quelques dizaines de mètres vers le SO. Ca ne m’étonne pas parce que j’ai le souvenir d’avoir eu du mal à faire le raccord topo avec la Gourance historique.