Le fond du CP12 en moins d’1 h ? Visitez le CP7 !

du 28/07 au 30/07/2023 | Samoëns (74 - Haute-Savoie) | France

Résumé

Nous avons jonctionné le CP7 au sommet de la galerie du P18, comme les prévisions. Il n’y a pas de difficultés, et la base du CP12 est maintenant à 1 h de la surface, ça fait à peine un -200 m… D’un commun accord, nous avons décidé d’appeler les beaux puits de jonction « les Puits Totophe« , en souvenir de notre ami ! Le réseau de la Combe aux Puaires possède maintenant une cinquième entrée, et dépasse les 10 km de développement !

Vendredi 28 juillet

Que fait-on ? Météo France prévoit de la pluie dès vendredi fin d’après midi, quasiment jusqu’à dimanche matin. Mais nous sommes joueurs, et nous décidons tout de même de monter sur le massif.

Steph et moi arrivons sur le parking à 21 h 30. De la pluie ? Que neni, il n’y a pas un nuage, les étoiles brillent, et tout est sec de chez sec… Nous arrivons tout de même trempés au refuge, mais de sueur…

Samedi 29 juillet

Nous avons regardé l’inventaire, il doit y avoir plus de 100 m de cordes au CP19, nous ne prenons que quelques amarrages du refuge, et à 10 h, nous sommes sur le chemin de la Combe aux Puaires. Le temps est gris, mais ce n’est pas pire, au moins, nous n’avons pas trop chaud. Au niveau des chalets à Felix, il tombe quelques gouttes. Peu après l’intersection du chemin des Barmes, Thomas, qui arrive directement de Lyon, nous rattrape. Nous arrivons au CP19 vers midi.

Comme il n’y a plus les moutons, nous y sommes bien, c’est propre et à l’abri. Nous nous équipons, et descendons dans le CP7. La corde d’entrée est toujours prise dans la neige au bas du puits, et la corde encore un poil tendue.

Au terminus de la désob, Steph et Thomas franchissent l’étroiture de tête de ressaut avec la massette, et élargissent la suite en cassant tous les becquets et les lames qui partent en bas du puits suivant. Pendant ce temps, je perce 7 trous en 600 mm au sommet du ressaut, puis passe le perfo à Steph, en oppo au dessus de plusieurs mètres, qui rajoute 5 trous dans un gros bombé. Nous ressortons faire le boom et nous rapatrions au CP19 pour casser rapidement une graine et récupérer le matos stocké dans le trou.

Mais pas de bol, il n’y a presque plus de cordes potables et la plupart des amarrages sont soit des zicrals, soit avec des vis pour spits ! Nous prenons les deux seules cordes à peu près potables, et prenons ce que nous trouvons comme goujons… A 15 h 30, nous sommes de nouveau sous terre, et nous purgeons le tir. Mais là encore, je me fais avoir et la pointerolle va finir sa vie au fond du méandre sous un amoncellement de blocs de toute taille, nous ne la retrouverons pas ! Pendant que nous finissons la purge, Steph équipe le puits suivant que je descends la massette à la main pour casser les becquets et les lames. C’est un P10 bien arrosé. Une seconde arrivée apporte aussi de l’eau. Steph y montera, et après une étroiture, le méandre monte très fort, il y a un léger courant d’aspirant. La base de ce P10 est un joli palier, trépané par un P6 de 1.5 m de diamètre, lui aussi bien arrosé… Mes compères arrivent, Steph pose une dèv et je descends sous la flotte le P6. Il est superbement propre et ciselé, mais l’eau s’enfile dans un méandre fortement descendant de 1,20 m de haut pour 15 cm de large… On y entend un écho, je suppose qu’il y a un puits pas trop loin, mais pour le désober, il faut tout remonter au sommet du P6, il n’y a pas de quoi stocker quelques tirs ici. Le courant d’air est légèrement soufflant, rien à voir avec le début du CP7 !

Je reviens sur le palier. Steph a trouvé la suite, c’est une petite lucarne toute concrétionnée. Il a commencé à casser les 5-7 cm du plancher de calcite à la massette, puis je le remplace. Sous le plancher, il y a de la glaise que nous enlevons sur 25 cm de haut. Tous les trois, nous nous relayons dans le courant d’air qui nous siffle au oreilles pour tenter de passer. Finalement, Thomas passe et commence à agrandir côté aval, tandis que j’avance côté amont. Steph fait des aller-retours entre nous et le puits de la Turbine pour équiper d’une pseudo ligne de tir avec les bouts de fils qui trainent partout.

Derrière, c’est un toboggan de glaise, dans le pendage, raide. Thomas et moi cassons tout ce que nous pouvons à la massette pour améliorer le passage, puis nous nous mettons à l’équipement. Thomas commence, puis je prends le relais. La pente de glaise fait 3 m de long, puis ça descend franchement, j’arrive sur un palier, je fais un frac en dessous, et zoup, j’arrive dans un joli P20 contre paroi, bien propre. Je pendule, et je continue dans un P10, toujours aussi propre et joli ! J’arrive sur une zone un peu plus étroite, je commence une main courante pour reste en hauteur, et aller travailler la tête de puits suivante, mais je suis en bout de corde ! Il va falloir revenir.

Steph et Thomas me rejoignent, et Steph me demande ce qu’il y a derrière. « Quelque chose comme un P30 », je réponds… Il jette un caillou : balambalambalambalmabooom. « Il est grand ton P30… » Bon d’accord, nous nous disons que vu que ces puits sont très beaux et que s’ils permettent la jonction avec le réseau de la Combe aux Puaires, nous les appelerons les « Puits Totophe ».

Nous remontons en levant la topographie (107 m de topo pour 53 m de dénivelée) et sommes dehors sous une pluie fine un peu après 21 h.

Nous nous changeons au CP7 et descendons au refuge au sec, il s’est arrêté de pleuvoir.  Nous redescendons les vieilles cordes pourries du CP19. Nous arrivons à 22 h 30, et au refuge du haut, c’est toujours la fiesta. Sur notre terrasse, il y a deux tentes de posées.

Nous passons une bonne soirée, à discourir sur nos potentialités de jonctions avec le réseau, et en tentant de deviner ce qu’il nous manque à parcourir ! Si nos prédictions sont bonnes (jonction au sommet de la galerie du P18), nous estimons que nous devrions avoir une trentaine de mètres à descendre !

Dimanche 30 juillet

7 h 30. J’ouvre un oeil, il pleut. Je retourne voir mes plumes, c’est mieux. 8 h 30, Steph se réveille. Il pleut, il se rendort. 9 h 30. A tiens, il n’y a plus de bruit. Nous nous levons. Dehos, c’est brouillard, nous ne voyons pas plus loin que le bout de notre mur ! De mon coté, je suis bien fatigué, j’ai mal partout, comme si j’avais passé ma journée d’hier à creuser comme un acharné…

A 10 h 30, nous montons vers le CP19 où nous arrivons à midi, juste pour l’heure du pic-nic. Plus nous montons, plus le ciel se dégage ! A 13 h, nous entrons sous terre lourdement chargés, nous avons dévalisé le refuge, il n’y a plus de plaquettes, plus de dyneema, plus de cordes… et nous avons avec les 200 m de cordes neuves.

Pour tenter d’être efficaces et de ne pas sortir trop tard, Steph se met à la suite de l’équipement, Thomas et moi suivons en levant la topographie au fur et à mesure. Steph part avec la nouvelle corde dans le puits suivant le terminus d’hier, il descend un P19, et nous dit « Ouah, la zone est complexe, ici, il y a des départs un peu de partout ! ». Nous n’avons pas le temps de dire « ouf » qu’il nous crie : « J’ai une trace, nous avons jonctionné ! ». Génial, c’est une bonne nouvelle ! Reste à arriver dans les grandes galeries du CP12 !

Nous continuons à équiper dans ce qui nous semble le plus propre, et ce que nous pensions être vers le départ du P60. Nous mettons de nombreux fracs, et nous arrivons… sur une corde, vieille, d’une dizaine de mètres. Bon, nous, pour descendre le même puits, nous aurons besoin de plus de 25 m de corde sans compter ce que nous avons posé pour la main courante… Comme nous ne sommes pas sûrs où nous sommes, nous continuons à avancer en levant la topographie. En bas de ce puits, nous arrivons sur une belle conduite forcée de 2.5 m de diamètre, qui arrive sur un puits arrosé. Ca y est, nous savons où nous sommes, nous sommes bien dans la galerie du P18, et non vers le P60. Mais, nous ne nous attendions pas à ça, pour traverser ce puits arroser, il nous faut escalader de 7 m (vive les Pulses, Steph sort l’escalade en deux deux), puis redescendre d’autant derrière, ce n’était pas indiqué sur la topographie précédente ! Nous traversons une belle zone de concrétions (excentriques) et arrivons au sommet du P18, en face de l’arrivée du P60 du CP12. C’est magnifique ! Nous sommes dans la galerie, au fond, à 16 h 30 ! C’est marrant, Steph, comme moi, a la même impression : c’est la première fois que nous sommes au fond du CP12, en nous sentant presque dehors !

Nous faisons un rapide tour en amont et en aval pour nous repérer, puis remontons. Dans le puits où il y avait la vieille corde, en remontant, Steph rajoute un frac. La prochaine fois, il faudra une quinzaine de mètres de corde pour descendre en dessous du frac (attention, tant que ce n’est pas fait, la traversée CP16-CP7 ne se fait pas !), et comme ça, tout l’équipement sera tout propre et confort ! Je reste à portée de voix pendant qu’il plante les goujons, puis lorsqu’il me dit que c’est bon, j’attaque la remontée du P10 et P20. Je passe le boyau et attrape la corde du P10, et j’entends Steph me dire : « Attends moi, j’ai un problème de lumière. Eclaire la lucarne que je vois où elle est ! ». Il faut dire que le sommet du P20 est le seul endroit où on se pourrit, et ce n’est pas là où tu as envie de sortir tes affaires pour bricoler… Je le vois finalement arriver, toutes lumières éteintes ! Il pas passé la sortie de puits complètement dans le noir ! Il change ses batteries pendant que je commence à monter, puis nous enchaînons, et à 18 h 30, nous arrivons dehors, sous le soleil et la chaleur !

Nous rangeons le matériel au CP19, et descendons au refuge. A 19 h 30, nous sommes devant une bière, et notre dernier saucisson et notre dernier claquos ne font pas un pli. Nous rangeons notre refuge, puis descendons, et à 21 h 50, nous sommes aux voitures. J’arrive chez moi à minuit et demi, bien fatigué, mais heureux de ce beau weekend !

Bilan

Déjà, c’est facile, le réseau de la Combe aux Puaires comporte une nouvelle entrée. Nous rêvions d’un accès facile et rapide au fond du CP12, et maintenant, c’est chose faite ! Le CP7 est l’entrée la plus basse actuellement. Maintenant, il n’y a plus d’excuses, le fond du CP12 est accessible en à peine une heure, et franchement, il n’y a pas de difficultés, c’est accessible à tout spéléo normal. Les galeries du fond sont à moins de 200 m de profondeur par rapport à l’entrée du CP7. Rien à voir avec le CP16 (qui déjà, n’est pas difficile), et encore moins avec le CP19 bis.

Le réseau dépasse maintenant les 10 km de développement (10,155 km)), c’est un sacré cap ! La profondeur reste inchangée !

Et puis, je suis vraiment content de voir que nos prédictions étaient vraiment bonnes : nous avons bien jonctionné au niveau du sommet du P18, ce que nous prédisions bien depuis le début.

Mais ce qui est notable, c’est que la galerie du P18 est une vraie belle conduite forcée remontante, probablement la suite de tout le 8. Elle est balayée par un courant d’air fort, qui ne correspond pas au courant d’air du CP7, qui lui est bien plus faible. Ca veut dire qu’il y a quelque chose à trouver au sommet de la galerie du P18 : où part la suite de la conduite forcée ? Où part le courant d’air ? Ca pourrait nous donner un accès vers la suite vers l’aval ?

Enfin, dans les gros objectifs à faire, maintenant facile d’accès car à 1 h de l’entrée, il faut continuer la désobstruction du méandre qui part vers l’aval. Nous l’avons encore revu dimanche, et il aspire un courant d’air important. C’est probablement lié au CP21, mais entre les deux, il devrait y avoir le collecteur… Avis aux amateurs !

Et puis bon, maintenant, il va falloir se motiver pour déséquiper le CP19 bis… Qui lève la main ?

Et enfin, ça vaudra le coup cet automne ou l’été prochain d’organiser une traversée CP16 – CP7 pour un maximum de personnes, ce sera une super traversée, facile, de 5 h pour une petite équipe qui turbine, et de 7-8 h pour une grosse équipe qui prend le temps de faire des photos !! (il va en falloir des photos, nous n’en avons que très peu de cette zone, et c’est très photo-hygiènique !)

TPST : 2 h 30 + 5 h 30 + 5 h 30

Participants à l'activité

Stéphane LStéphane L.
Xavier RXavier R.

Galerie photo

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