Le 18/11/2024
Participants: Fred Delègue, Félix Renaud, Tristan Chaigne
Automne 2023: Félix souhaite organiser une sortie. Quelques propositions et des contraintes météo plus tard, il se fixe sur le Scialet de Pèljonc, sur une idée de son père qui l’avait exploré dans les années 80 ou 90.
C’est ainsi que le 18 novembre Fred, Félix et moi dénichons, protégée par un bout de tôle, l’entrée du scialet à Méaudre, à flanc de colline juste derrière un chalet.
Fred a déniché sur le web une topo qui date de 1991. Nous projetons de parvenir à une « foufoune » voir même un « anus », mais serons coincés dans une « boîte aux lettres » qui n’en est d’ailleurs pas forcément une…
Nous pénétrons dans le trou en nous accrochant sur de maigres arbres: on devine que la sortie sera un peu galère.
Nous enchaînons des puits dans du Sénonien parsemé de silex noirs, avec des sédiments calcifiés aux formes tourmentées. C’est assez « esthétique » comme disent les spéléos face à la beauté inconfortable.
Fred équipe, puis Félix. Pendant qu’il installe une main courante vers une entrée de puit un peu laborieuse, Fred et moi sommes en attente tout tordus dans étroiture, et nous étonnons de nous refroidir aussi vite…Mais bien sûr, c’est un courant d’air glacé qui est accéléré par le petit diamètre: nous sommes bien dans le Pèljonc.
Quelques cascades et méandres plus loin, c’est mon tour d’équiper. Je parviens à l’orée d’une galerie très étroite, horizontale, longue d’une petite dizaine de mètres, couverte de glaise avec sur toute la longueur en partie basse un méandre trop étroit pour qu’on y tombe, mais assez pour s’y coincer. A l’entrée il y a une broche rouillée antédiluvienne d’où part une corde boueuse en équipement fixe . D’après la topo on suppose que c’est « la boîte aux lettres ». Je m’y faufile sans kit, pour aller voir. Progression longue et pénible, avec la glaise il n’y a rien pour faire accrocher la main ou les pieds. Je finis par déboucher au sommet d’un puit glaiseux au fond duquel rugit un petit torrent. La vieille corde en fixe se termine par une boucle ou est fixée une succession d’échelles de de spéléo à l’ancienne, il n’y a aucun split pour équiper autre chose. Je tente l’échelle: le premier barreau s’effondre jusqu’à celui du dessous, qui lui même s’effondre plus bas…Je prends conseil auprès de Félix et Fred qui sont restés à l’entrée du conduit. Ils n’ont aucune envie de me rejoindre, il faut dire que je n’ai pas fait de bonne publicité. Je prends le chemin du retour: c’est très laborieux, je reprends mon souffle tous les 50 centimètres sous les encouragements de Fred qui compatit. Nous décidons que la sortie s’arrête là et repartons, un peu déçus.
L’avantage c’est qu’il fait encore jour à la sortie. Sortie d’ailleurs pénible au moment de s’extirper hors du trou, c’est le moment que des promeneurs ont jugé bon pour venir admirer le spectacle. Je sue, me tortille et ahane sous leurs regards écarquillés; j’aurai préféré qu’ils m’admirent dans de vertigineuses acrobaties mais la gloire ne peut pas toujours être là..
Nous rejoignons le Furon pour y nettoyer cordes et matériel. C’est un échec mais c’est quand même un grand plaisir, car comme le savent les spéléos rien de tel que de la boue, du froid, du sombre et de l’humidité pour être heureux.
Plus tard, en regardant la topo de plus près, nous supposons que nous avons pris une mauvaise voie. La Boîte aux lettres est censée être pentue, or notre étroiture était horizontale.
Je consulte Xavier le Maître des Roches (par l’intermédiaire de Constance car Xavier ne sait pas se servir d’un téléphone), son commentaire est franc du collier: « ce trou est très intéressant car c’est la partie aval du trou du souffle, vous devrez y retourner ». Ainsi soit-il, mais alors il faudra soit trouver un meilleur passage, soit prévoir un perfo et des goujons pour équiper la sortie du conduit étroit, et bien sûr être très motivé.
TPST 7h