Un étudiant de M2 (Francesco) a contacté Jean Loup pour une demande de stage de M2 sur le karst péruvien. Après réflexion et discutions à droite à gauche, nous lui proposons de travailler sur l’altération chimique du karst Andino-Amazonico. Pour cela, nous devons faire un échantillonnage des eaux sortant des résurgences à travers le pays.
Jeudi 15 février
Jean Loup et moi partons de Lima à 6 h du matin. Nous faisons le trajet jusqu’à Chiclayo en récupérant notre étudiant à Trujillo.
Vendredi 16 février
Nous continuons notre périple en allant à San Andres de Cutervo. Une partie de la route s’effectue avec un brouillard très dense, dans lequel, il nous faut rouler à moins de 20 km/h en tentant de suivre la bande blanche du bord droit de la route (le bord gauche, nous ne le voyons pas…)
Comme nous arrivons en milieu d’après midi à San Andres de Cutervo, nous demandons à deux gamins du village de nous guider à la résurgence dont nous avons entendu parler. Elle est proche et Francesco commence son travail d’échantillonnage pendant que Jean Loup et moi jaugeons la rivière.
Le soir, nous dormons sur place.
Samedi 17 février
Le matin, les mêmes gamins que la veille nous emmènent à la grotte de San Andres que nous visitons (grande classique du Peru avec 1234 m de développement pour -145 m). Il y a de très gros volumes, pas mal de guacharos et beaucoup d’eau. A cause de la saison des pluies, la fin de la grotte siphonne. TPST : 1 h 30.
En aprem, nous partons pour Ninabamba, autre village en allant vers Cajamarca avec un réseau karstique important. La seconde partie de la route est une piste très escarpée, sous la pluie, dans le brouillard, de nuit, avec des virages et surtout beaucoup de bouillasse… Le brouillard est très dense (il me faut rouler sans les phares, sinon, je suis complètement ébloui…), ça glisse pas mal, et par moment, c’est tendu. Mais nous arrivons à bon port vers 19 h.
Dimanche 18 février
Nous embauchons deux jeunes du village pour aller à la résurgence de Ninabamba. Après une heure de marche, dont la fin au fond d’un canyon escarpé, nous nous rendons compte qu’elle est inaccessible à cause de la crue… Nous n’arrivons qu’à l’apercevoir, et devons échantillonner 40 m en aval de la résurgence. Nous remontons au village par la vallée sèche en visitant la grotte des Huacharos (cuevas de Uchkupisjo). En après midi, nous allons voir la perte qui est impressionnante et de toute beauté. Je retrouve le PE2, et recherchons le P3 (sima de Iraca), mais sans succès. Il faudra revenir en basses eaux.
En fin d’après midi, nous repartons pour Cajamarca où nous dormons à l’hôtle Jasmin (super !).
Lundi 19 février
Ce jour, nous allons sur Celendin. En chemin, nous nous arrêtons pour échantillonner la résurgence de Llunez. Sur le trajet de retour à la voiture, nous pointons deux tragaderos impénétrables (enfin, chez nous, nous creuserions un tout petit peu, et ça passerait !). Je touche des orties, et la douleur au bras me suivra jusqu’à tard dans la nuit… C’est autre chose que les orties françaises…
Nous échantillonnons ensuite la résurgence de Saturno, que nous trouvons facilement. La pluie rend l’approche et l’échantillonnage un peu pénible.
Enfin, nous faisons une reconnaissance du tragadero de ??? que j’avais repéré sur Google Earth quelques semaines auparavant. Il est malheureusement impénétrable, mais les habitants nous disent que l’eau sort peut être 10 km plus loin, au lieu dit du Molino. Et pour terminer, nous visitons un fond de doline ouvert récemment au bord de la route. La encore, peu de travail permettrait de passer…
Mardi 20 février
Nous allons à Balsas puis Púsac pour échantillonner la résurgence captée qui est en crue. Nous revenons sur Balsas et faisons laroute jusqu’à Leymebamba. Nous échantillonnons la résurgence de Leymebamba, sous le village, qui pourrait résulter d’une dérivation de la rivière.
Mercredi 21 février
Nous nous dirigeons de Leymebamba à Chachapoyas. Comme tout est en crue, nous trouvons par hasard une résurgence dans le caniveau de la route. Nous la pointons et l’échantillonnons. Ensuite, c’est au tour de celle de Timbuj, puis de Condechaca. De là, nous suivons la piste jusqu’à Chachapoyas, avec une erreur d’itinéraire à cause de Google qui veut nous faire prendre à travers bois…
L’après midi, Jean Loup a une réunion à l’université de Chachapoyas. Francesco et moi allons sur Luya de l’autre côté de la vallée. Nous prévoyons la visite de la cueva de Huacangral (que je ne connais pas), son échantillonnage, ainsi que l’échantillonnage de la grotte de Quiocta. Malheureusement, la piste est en travaux, et nous perdons une heure à attendre. Nous ne ferons que l’échantillonnage.
Nous rentrons tard sur Chachapoyas.
Dans l’après midi, Karol est arrivée en bus de Lima.
Jeudi 22 février
Avec deux étudiants de l’université de Chachapoyas et Carlos, nous allons à Soloco, jauger le rio de Soloco (en crue…) et échantillonner sa résurgence. L’accès est un peu olé olé, mais le site sympa. Je fait un tour dans la grotte de Rio Seco, où on peut rejoindre le rio Soloco souterrain, avec Karol pour lui faire pratiquer un peu de corde (P10). Au vu des niveaux d’eau, nous ne pouvons qu’aller dans le fossile, mais là aussi, nous sommes bloqués par un gour un peu trop rempli. J’en profite pour faire une chasse au courant d’air, et trouve 2 escalades à faire qui pourraient être prometteuses. La remonté du P10 par Karol est longue, et je me suis tâté à mettre en œuvre un balancier espagnol… TPST : 2 h 30.
Le soir, nous rentrons sur Chachapoyas pour la nuit.
Vendredi 23 février
Ce jour, nous (avec un étudiant de l’université de Chachapoyas) allons à la résurgence du rio Olia que j’avais vue en novembre avec Pierre Bevengut. Je joue donc au guide, et la retrouve sans problème.
Dodo à Chachapoyas.
Samedi 24 février
Nous quittons Chachapoyas pour des contrées plus chaudes, par Quinjalca. Sur le chemin, Jean Loup repère une sortie d’eau. Nous y allons, et pensons alors avoir trouvé la résurgence du rio Soloco (résurgence del Molino) qui se perd en aval de Soloco. Nous la cherchions depuis des années ! Nous l’échantillonnons avant de reprendre la route.
Nous passons à Granada changer le capteur du pluviomètre automatique.
Puis nous échantillonnons la cueva de la Pitufina (= de la Schtroumfette, et la Stroumpfette, c’est Constance) ainsi que la résurgence de la cueva de Lindero. Le soir, nous dormons à Jumbilla.
Dimanche 25 février
Le matin, sur la route, nous visitons la Cueva de los Murcielagos de ???? (Jumbilla) sans matos, juste en levant la topo (120 m), ça continue, mais il faut poser une main courante, et les volumes ne sont pas dantesques, et c’est tout crado. Il y a un faible courant d’air soufflant. TPST : 30 min
Nous repérons ensuite la Cueva Metal qui est une grotte à vestiges archéologiques. Il paraitrait que c’est assez grand, il faut donc revenir l’explorer et la topographier.
Ensuite, nous échantillonnons de la Cueva de Cacaguta (appelée Vilcaniza par le GSBM en 2007). Lors de l’exploration 2007, aucun schéma ni topographie n’avait été effectué, nous topographions donc la grotte (150 m). TPST : 1 h.
En début d’après midi, nous nous arrêtons à la résurgence de Shatuca pour échantillonnage. Pendant que Francesco et Jean Loup manipent, je la visite avec Karol jusqu’au siphon (il faut nager par endroit !). Le siphon est magnifique, il est (trop ?) grand, il va me falloir revenir pour le plonger… une prochaine fois. TPST : 45 min.
Sur la route pour l’Alto Mayo, nous nous arrêtons à Vinceremos pour récupérer les données du pluviomètre posé au Sernamp. Le boulot n’a pas été fait, nous n’avons pas de données…
Et pour terminer cette journée bien dense, nous jaugeons la rivière sortons de la résurgence d’Aguas Claras, récupérons les données de la CTD, et échantillonnons de la source bleue. Je ne l’ai jamais vue aussi claire, et ça donnait vraiment envie de la plonger…
Le soir, nous dormons à Nueva Cajamarca.
Lundi 26 février
Encore une journée dense. Nous échantillonnons la résurgence del Tigre Perdido, puis celle de la Peña Blanca et enfin de Piedra Brillante. J’y récupère l’enregistreur de niveau d’eau, et fait un tour dans le début de la rivière avec Karol pour estimer les niveaux de crue. Ca n’a pas l’air de monter plus que 1 m. Ca, c’est le matin.
En après midi, nous montons à El Paraiso pour récupérer les données du pluviomètre chez Jordi. La piste est défoncée et boueuse. C’est chaud pour monter… et pour descendre. Très bon travail de Jordi.
En redescendant, nous échantillonnons la résurgence du Rio Soritor, résurgence probable du tragadero de Bellavista que nous sommes en train d’explorer au dessus.
Et pour terminer l’après midi, nous allons à la grotte de Palestina chez Celmira et Lazaro. Jean Loup va chercher la CTD dans le trou pendant que les étudiants échantillonnent la résurgence, et que je prépare l’enregistreur de sons pour enregistrer les cris des Guacharos (enregistrement sur a minima un an). Une fois les données de la CTD récupérées, je vais dans la grotte avec les étudiants pour poser l’enregistreur de son et la CTD. Nous en profitons pour faire un tour jusqu’à l’affluent des Trois Perles. Dehors, nous récupérons aussi les données du Hobo (pluviomètre automatique), mais il n’a enregistré que la température… et pas la pluie. Le soir, nous mangeons avec la famille un bon canard !
Mardi 27 février
Le matin, Karol et moi retournons à Palestina pour reprogrammer le Hobo. Ca semble fonctionner.
Pendant ce temps, Jean Loup et Francesco ont réunion avec la municipalité de Nueva Cajamarca et de Rioja pour parler projets d’expédition, scientifiques et touristiques dans la région. C’est productif !
En fin de matinée, nous allons échantillonner Tioyacu (je vais voir l’entrée de la grotte) et Rio Negro.
En aprem, nous récupèrons à Rioja la fille de la municipalité de Rioja et allons avec elle à la cueva de Cascayunga. Echantillonnage de la résurgence (enfin, dans la galerie), et balade jusqu’au siphon. Il est magnifique, il est à plonger… C’est un des plus beau siphon en fond de grotte que j’ai vu au Pérou ! Et en plus, la balade au siphon vaut vraiment le coup ! TPST : 2 h.
Le soir, nous faisons la route jusqu’à Tarapoto, où nous retrouvons nos Chilcanos, Paiche, et ensaladas de Chonta traditionnels.
Mercredi 28 février
Le matin, nous négocions au téléphone pour aller dans le parc national du rio Abiseo. Nous avons en effet les autorisations oralement, le Sernamp nous avait promis les papier avant la mission, mais ils ne nous ont jamais rien envoyés… Et pourtant, nous ne pouvons pas dire que nous n’avons pas préparé cette mission…
Finalement, localement, ils acceptent. Je prends donc mon bilet d’avion de retour pour le 3 mars et allons à JuanJui. Nous visitons du Sernamp et préparons pour les deux prochains jours. Il faut bon chaud.
Et pour faire comme les Vulcains métropolitains, comme c’est mercredi, soirée pizza !
Jeudi 1 mars
Levé 5 h, ça pique. Le rendez-vous au port est à 5 h 30. Nous partons à 6 h en pirogue sur le Huallaga, puis le rio Abiseo. Pause à Huicungo pour le petit déjeuner, puis reprise de la barque pour aller au poste de contrôle du rio Abiseo.
Arrivée vers 9 h. Superbe bâtisse, il y a de la place, des lits avec des matelas… Il se met à pleuvoir, nous attendons pour partir sur le karst.
A la fin de la pluie, nous traversersons le rio en barque et partons à pied de l’autre côté. Le but, c’est d’aller à la grotte des Français, la visiter, faire des photos et la pointer au GPS. Après 50 min de marche dans une superbe forêt, avec nos gilets de sauvetage (il paraît qu’il faut nager dans la grotte), nous y arrivons. Nous visitons la grotte jusqu’à la salle des Guacharos, confluence de l’affluent dans lequel nous sommes et le rio Churos souterrain. Un pas est chaud à faire, nous nous arrêtons et faisons demi-tour. Je repère de superbes remplissages sédimentaires à étudier ! TPST : 2 h.
Dehors, nous visitons la perte du rio Churos. Il y a trop de flotte, nous ne pouvons pas passer dans le canyon d’accès à la perte, c’est trop dangereux (il manque 30 m).
Nous prenons notre repas sur un îlot au milieu de la rivière en crue, au soleil.
Sur le chemin du retour, j’explore une perte au bord du chemin. Je m‘arrête au sommet d’un P5 qu’il n’est pas raisonnable de descendre comme ça sans équipement. En dessous, le méandre continue… mais sans courant d’air. Il faudra revenir le topographier.
Nous descendons à la résurgence intermédiaire du rio Churos. Il y a beaucoup d’eau, nous ne pouvons pas aller à la seconde perte qui suit le trajet aérien. Les paysages fantastiques, dignes des plus belles forêts que j’ai vue jusqu’à présent.
Il se met à pleuvoir, et en quelques secondes, nous sommes trempés comme des serpillères oubliées dans le seau de lavage avec l’eau. Nous arrivons au poste de contrôle un peu avant 16 h. Dodo dans le hamac jusqu’à 19 h, je ne suis pas une poule, et les lever tôt ne me réussissent pas.
Vendredi 2 mars
Le matin, nous allons à la résurgence du rio Churos, celle qui arrive dans le rio Abiseo, pas l’intermédiaire. L’accès est en barque dans un canyon étroit, puis à la nage. Le dernier obstacle est l’escalade d’une cascade de 2.5 m. Je la fais (les gardes du parc n’osent pas !) et pose une corde d’aide à la montée. Derrière, il faut nager jusqu’au fond de la grotte où l’eau arrive d’un siphon (plongeable sans soucis, mais avec moins de courant !). Ce sera à revoir. TPST : 20 min.
A la sortie, jaugeage et échantillonnage de l’eau de la résurgence.
Pour finir, nous allons nous balader vers l’amont du rio Abiseo, en barque. Nous nous arrêtons sur un rapide qui est difficile à passer avec la crue. Nous faisons demi tour. Au dessus, il y aurait une autre grotte à explorer et topographier. Nous repérons des zones de résurgences potentielles à revoir.
Retour à 11 h au poste de contrôle, et nous redescendons avec tout le monde sur Juanjui.
Nous mangeons ensemble, puis je prépare mes sacs pour rentre, et je prends un taxi pour Tarapoto (140 km, 80 soles).
Samedi 3 mars
Je prend l’avion le matin pour rejoindre Lima et surtout ma douce et tendre !
Pour les autres, le périple n’est pas terminé. Ils doivent continuer sur Tocache, Tingo Maria, Tarma, puis Huanuco, et la Cañete avant de revenir sur Lima en fin de semaine prochaine.