L’objectif premier de cette sortie était d’aller relever la topo de la source des Infernets, que nous avions rééquipés il y a un bon mois.
Nous avons donc rendez-vous vers 15h et comme à mon habitude j’accuse du quart d’heure lyonnais de retard.
Une fois les charges préparées, nous prenons un orage et décidons d’attendre patiemment dans la voiture.
Nous échangeons sur notre degré de motivation ainsi que sur les prévisions météo et différents sites internet référents.
Au bout de 20 minutes le temps se calme et en voyant la couleur du ruisseau, notre motivation à faire la topo en visi 0 chute complètement.
Nous décidons donc d’aller relever la topo dans un trou plus haut sur le plateau.
Ce trou a été redécouvert il y a quelques semaines, et désobstrué dans la foulée.
J’ai eu le plaisir il y a une semaine de faire un portage pour l’exploration du siphon.
Environ 30 minutes plus tard, nous arrivons donc sur le plateau, plus de pluie.
Nous changeons nos config en vu de ce plan B improvisé au dernier moment.
La marche d’approche se fait relativement vite, en quelques minutes nous atteignons le bord du trou où nous décidons de nous changer directement en néoprène
La cavité profonde d’environ une trentaine de mètres se compose de deux passages réduits.
Arrivés en bas, l’eau du siphon est claire, le fil mis en place il y a une semaine est bien présent et le matériel laissé l’est également.
Pascal s’immerge pour faire la topo, je le suis en vu d’une escalade post siphon.
Arrivé à – 5 j’ai une oreille coincée…
Je force, j’entends un léger claquement, s’en suit une légère désorientation et une douleur vive.
Je décide de remonter tranquillement et rejoins Lorène en surface.
Nous papotons et remarquons que le siphon semble respirer.
Des débris en suspension vont et viennent de manière totalement non régulière…. étrange pour un siphon suspendu !
15 minutes après ma sortie nous entendons un bruit de bulles et d’eau mélangé.
Lorraine remonte la faille. Elle me dit entendre les bulles de Pascal au sommet du puits.
Elle décide de remonter la corde et alors qu’elle est quasiment arrivée en tête de puits, la première vague de crue lui arrive dessus. Je la vois s’extirper et atteindre la salle du haut.
Je vois sa lumière bouger derrière la cascade.
Je retourne au siphon et arrive en même temps qu’une rivière de 15 cm de haut.
Je mets tant bien que mal le matériel restant au sol à l’abri et regarde désespérément le siphon changer de couleur.
Je retourne au niveau de la corde et j’essaie de jonctionner à la voix avec Lorène, sans succès…
Le niveau double à triple avec une seconde vague de crue, la corde n’est quasiment plus visible.
Je retourne au siphon, la mousse commence à prendre pas mal de place, et recouvre le siphon. Les graviers commencent à être emportés. Je fais quelques traces pour essayer de voir si le niveau monte.
Les pensées fusent, je suis dans une faille lisse d’environ 20 m de long 6 à 7 m de haut pour 1m max de large.
Le fractionnement de la corde est intégralement sous une cascade d’eau.
Pascal est encore dans le siphon.
Lorène est je l’espère calfeutrée dans une salle supérieure.
Mes relevés des marques montrent que le niveau n’a pas l’air de monter plus que les 15 cm pris.
Entre 5 et 7 minutes après le début de la crue je vois une lumière dans le siphon.
Pascal ne reconnaît pas du tout la sortie du siphon et est aussi content de me retrouver que moi d’entendre sa voix.
Il s’extirpe et prends connaissance de la situation…
Nous échangeons longuement sur la stratégie, au fil des montées et descentes du siphon… et des vagues de crues.
Après une forte baisse où nous voyons enfin à nouveau le sol, Pascal décide de faire une reconnaissance rapide dans les salles supérieurs voir s’il serait possible de faire une sortie éclair.
Quelques minutes plus tard je le rejoins dans la salle intermédiaire.
Il a fait jonction avec Lorraine : elle est dehors !
Le niveau à clairement baissé nous pouvons rapidement passer la première étroiture
Une fois arrivés dans la salle supérieure une nouvelle vague de crue arrive.
Nous devinons la lumière du jour à travers la cascade qui s’engouffre dans l’entrée.
Nous entendons également quelques morceaux de rocher passer dans la cascade.
15 à 20 minutes plus tard, nous constatons une forte baisse du débit, nous voyons enfin la corde de sortie.
Nous décidons de passer le dernier ressaut qui nous sépare de l’exterieur… en apnée et surtout sans nos bloqueurs !
Nous rejoignons Laurène, qui détrempée est déjà en ligne avec les secours pour annuler l’opération.
Arrivés au parking, deux véhicules tout terrain du SDIS 13 sont sur place. Nous nous excusons et échangeons. L’ordre d’arrêt, n’est pas encore redescendu. Nous transmettons nos identités.
Bravo à Laurène pour sa gestion du déclenchement.
Je présente à nouveau nos excuses aux secouristes que nous avons dérangés une soirée de jour férié. (SSF 13 / SDIS 13).
Comment avons nous pu nous mettre dans une telle situation ? Analyse rapide :
- le fait d’avoir une météo sans pluie à venir (et d’y faire confiance)
- le fait d’arriver sur cette perte complètement sèche, et ce malgré un premier orage violent 1h avant.
- le fait de vouloir absolument trouver un plan b car l’on ne se croise que rarement avec Pascal et Laurène.
- certainement minimiser la sortie avec seulement un -20m…
Bref ! Nous n’aurions jamais du être dans cette perte !
Quelques éléments complémentaires :
14h après notre sortie, lors d’une reconnaissance, la faille dans laquelle on a attendu plus de 40 minutes était pleine, le niveau était sur les amarrages.
72h après l’eau a baissé d’un mètre seulement. Des traces de crues sont présentes bien plus haut…
il a plu pendant les 3 heures de notre sortie 50mm sur la station météo la plus proche.
Une sortie qui restera dans les mémoires, et qui se termine très heureusement bien.
Pour information : le CR succinct de Pascal :
CR de la bêtise du jour :
On a annulé la traversée des brailles à cause du risque d’orage, on a annulé la plongée topo dans la source des infernets à cause de l’orage, l’eau était boueuse…
Donc on a regardé les prévisions météo, a priori le plus gros est passé, on fait un saut aux amonts des infernets, le trou qu’on a ouvert la semaine dernière. J’ai 50m de topo à faire et les bouteilles de Tanguy à sortir, c’est rapide, on est à 30m de la surface en développement et 20m de profondeur, donc ça va le faire.
Nous sommes 3, Laurène, Romain (mon binôme de lyon) et moi. Laurène nous accompagne pour porter et découvrir la cavité.
Romain plonge pour chercher une suite, je fais la topo sous l’eau de la 1ere de Seb B..
Quand Romain retrouve Laurène après 15 minutes, ils entendent un bruit. Laurène remonte 5m sur corde en pensant entendre mes bulles. Finalement elle prend une vague de crue à 1m du fractio. Elle réussi à enchaîner les passages en étroitures verticales et horizontales avec quelques apnées que j’imagine désagréable et elle prévient les secours.
Romain m’attend à la sortie du siphon.
Je suis post siphon, je scrute les plafonds qui me dominent de 6m à la recherche d’une suite. Aucun écoulement d’eau. Je décide de sortir après 30 minutes de topo/explo. Sur une ligne annexe qui faire surface, à 10m de la sortie, je me retrouve dans le noir, le noir complet, j’essaye de rallumer les lampes, rien. Je ne comprends pas.
Je rejoins le fil principale qui est franchement détendu, j’avance à taton sans lacher le fil. J’arrive à un rétrécissement avec un sol de cailloux que je ne me souviens pas avoir passé, à l’aller il y avait que du limon au sol. J’ai dû prendre un fil que Romain à poser, je ne comprends pas comment j’ai pû me tromper. Je suis toujours dans le noir. Mon ordi n’est pas visible non plus. Je suis donc dans de la boue…
Je fais surface dans un nuage de mousse de crue, je ne reconnais pas le lieu… Romain hurle de joie de me revoir, je réalise alors qu’on se prend une crue éclair…
Nous avons dû patienter 30 minutes au fond à surveiller le niveau d’eau qui monte de 10cm, impossible de remonter les 4m de cordes sous la cascade. Ça se calme, je réussi à atteindre le fond du puits d’entrée pour prendre contact avec Laurène, je repars chercher romain, le temps qu’il remonte, nouvelle vague de crue. Nous patientons de nouveau 30 minutes en bas du puits d’entrée, des pierres emportées par les cascades tombent par la faille d’entrée. nous avons réussi à remonter dès qu’il y a eut une accalmie, en traversant de belles cascades…
Je suis particulièrement honteux de mettre fait prendre comme un lapin de 3 jours. Alors j’espère que ma bêtise permettra à d’autres d’éviter un incident de la sorte. C’était un temps à regarder un match de foot à la télé, même si on n’aime pas le foot
Un grand Merci à tous ceux que nous avons dérangés et qui se sont rendus disponible pour nous aider.
Un grand Merci à Laurène qui n’avait pas la place la plus facile à vivre…
[pour info toutes les vidéos ont été faite dans les moments les plus bas… certainement aucun lien avec l’état de préoccupation de votre caméraman préféré !]
La dernière tête de puits :
La faille sêche :
La mousse du siphon :
Attente dans la dernière salle :
On voit enfin la corde :
La sortie :
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