Résurgence du Git

le 11/11/2021 | Saint-Quentin-Sur-Isère (38 - Isère) | France

Cela fait vingt minutes que je creuse… Vingt minutes que je suis allongé dans un laminoir large de 3 m et que je croyais court. Sous mes doigts, un mélange de sable et de galets se laisse faire : je pousse tout sur le côté, à gauche puis à droite. J’avance un peu et recommence… Cela fait vingt minutes que je creuse…

Cela fait 15 min que je ne vois plus rien à cause de la touille. Je ne suis plus capable de regarder mes manomètres. Au début, le courant me permettait d’y voir quelque chose de temps en temps, mais ce temps est révolu. La glaise que je dégage à du glisser au bas de la pente que je suis en train de creuser et elle remonte maintenant uniformément dans l’ensemble du laminoir. Je n’y vois rien, mais ce n’est pas très grave. Mes trois bouteilles de 4 L m’assurent une confortable autonomie. Je suis à 8 m de profondeur, à 50 m de l’entrée du troisième siphon de la résurgence du Gît. A 2 km et 160 m de dénivelé de l’entrée. C’est un peu loin de la maison pour creuser dans un siphon, mais je n’ai pas vraiment d’autre chose à faire, alors je creuse… Pendant ce temps, Xavier et Cédric doivent penser que je tire le fil d’Ariane dans une belle galerie, mais que neni, je suis encore là, à tout juste 50 m d’eux, et je creuse…

L’histoire avait bien commencé : un rendez-vous à 9 h sur le parking, pas mal de bavardage, de la préparation de matos, des sacs bien remplis et hop ! C’était parti pour cette belle sortie. Le S1 était plutôt bas, l’arrivée dans la rivière toujours aussi sympathique, la remontée des 150 m de puits et ressauts arrosés était toujours aussi magique, malgré nos sacs bien lourds. Le passage du S2 s’est déroulé sans encombre et même si la cascade qui fait suite nous a donné du fil à retordre, nous sommes finalement arrivé devant le S3, muni de 6 bouteilles de 4 L bien pleines. Au jeu de la courte paille, j’ai perdu, à cause d’une vague histoire de topo, et c’est moi qui m’y colle pour la plongée. L’explo est là, il suffit de dévider le fil. La galerie fait 2 à 3 m de large par 1,5 à 2 m de haut. Le sol est tapissé de glaise… Hmm, le retour va être sympa. Dommage pour la topo, j’aurais du refiler tout de suite le bébé à Cédric ! Je déroule 45 m de fil et tombe sur un laminoir descendant de 3 m de large par 20 cm de haut. Ah non, pas un terminus si vite ! Je vérifie, mais oui, le courant vient bien de là… Mais non, ça ne passe pas… J’essaye de regarder au-delà du laminoir : il y a des chances que ça s’agrandisse un peu, mais ce n’est pas évident d’y voir quelque chose… Serait-ce le terminus du Gît ?

Je regarde mes manos. Mes trois bouteilles sont pleines… Trois autres attendent sagement devant le siphon… Ce serait vraiment dommage de tout ramener à la maison après tous les efforts faits pour les amener ici ! Plus par soucis de vider mes bouteilles que par conviction, je commence donc à creuser. La sanction est immédiate : je me retrouve dans le noir à cause de la glaise. J’attends quelques secondes pour que la clarté revienne. Ca se creuse bien. C’est jouable. Mais la zone est piégeuse : je sais qu’une fois dans le laminoir, j’aurais du mal à garder mes repères et à savoir où passe réellement le fil. Donc autant creuser large ! J’arrête donc de réfléchir et creuse !

Cela fait vingt minutes que je creuse… J’ai avancé de 2 m et cela devient un peu moins étroit. Je sens que cela pourrait passer. J’ai du bien attaquer mon relais et si j’attend trop, je n’oserais plus m’engager derrière le laminoir. Je fais un dernier aller-retour dans la zone que j’ai creusé : ça se passe bien. Il ne me reste plus qu’à espérer que la suite soit plus large. Je m’engage pied les premiers et avance. 1 m, 2 m supplémentaires… Outch, le retour va être long. Je ne sais plus trop où je me situe dans la galerie. J’hésite… Mais je continue, j’ai de l’air, et une folle envie de sortir de la touille. Un mètre de plus et je me retrouve enfin dans la suite de la galerie. L’eau est claire. La galerie forme une jolie ellipse de 3 m de large par 1,5 m de haut, mais avec toujours de la touille au sol. Je repère un endroit pour amarrer mon fil et m’y précipite. J’ai juste le temps de sécuriser mon nœud avant que la touille ne me recouvre. Bon, c’est une bonne chose de faite : mon fil est bien attaché de part et d’autre du laminoir, c’est déjà ça de fait ! Je décide de rebrousser chemin ici : aller plus loin m’obligerait à consommer sur mon bi principal et je préfère le garder pour la suite.

Je tente un demi-tour et me réengage dans le laminoir, un peu au petit bonheur la chance en suivant mon fil. J’avance de 3 m, mais butte sur des cailloux qui bloquent le passage… Bon, c’était prévisible. Je redescends, me décale de 1 m 50 sur la droite et recommence. J’avance de 3 m, mais rebelotte, en haut de la pente, je rebute sur le colmatage… Je commence à trouver le jeu un peu moins drôle ! Je décide de retourner à mon terminus, où l’eau est de nouveau claire grâce au courant. Je fais un check up de l’ensemble de mon matos. Mon relais est quasi vide. Mon bi principal est bien plein. Tous mes détendeurs fonctionnent… Ça va, j’ai de l’air ! Je peux me permettre de chercher le chemin pendant un bon moment ! Je repars serein. Au pire, je fais une fouille systématique du laminoir et au pire du pire, je creuse n’importe où, cela devrait passer.

Je ressaye entre mes deux essais précédents… M’attend à butter sur le colmatage au sommet de la pente, mais non, ça passe, plutôt confortablement même et je me retrouve dans la galerie de l’autre côté du laminoir. Ouf ! Une très bonne chose de faite ! Je ressors rapidement du siphon et retrouve Xavier et Cédric après 35 min de plongée. Je mets un moment à répondre à leurs questions…

Ma description de la suite n’est pas vendeuse… Oui, il faudra revenir… Mais avec quelle motivation ? D’aller se retrouver dans un autre traquenard si loin de l’entrée ? Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Bon, ok, on a déjà tout le matos ici, autant s’en servir… Oui, mais malgré tout, est-ce que les crues ne vont pas reboucher le laminoir entre temps ? Bref, à force de discuter, Cédric se propose de tout simplement replonger tout de suite et de continuer à désober ! De toutes façons, nous n’avons rien à perdre et nous avons beaucoup d’air ! Quelle bonne idée !

Il s’équipe et repart avec trois bouteilles pleines. L’eau n’est pas super claire dans le début du siphon, mais le laminoir est bien dégagé. Il repère bien les lieux et en déduit qu’il suffit d’élargir un peu plus là où je suis passé, ce n’était pas si mal que ça. Il s’engage tête en avant et creuse au fur et à mesure devant et sous lui. Ca passe bien. Il franchit le laminoir et trouve le terminus du fil. Il rebrousse chemin, trouve le chemin sans soucis et continuer à creuser devant et sous lui. Il fera ça trois ou quatre fois. Au bout de trente minutes de désob, il ressort nous annoncer la bonne nouvelle : pour lui, le passage est maintenant sécurisé il n’y a pas trop de soucis pour continuer derrière ! La galerie semble remonter un petit peu donc la sortie du siphon n’est peut-être pas si loin que ça !

Super ! Vu l’heure avancée, on se garde ça pour la prochaine fois. Nous laissons 4 bouteilles pleines et une paire de palme devant le S3 et rebroussons chemin. Le retour est rapide. Nous laissons nos 6 bouteilles devant le S2 et rejoignons le S1 que nous franchissons dans la touille totale, mais sans encombre. Rebelote, nous relaissons 6 bouteilles devant le S1… et sortons contents mais bien fatigués, vers 22 h.

Une super sortie entre potes, ça n’a pas de prix ! Le Gît est toujours aussi beau et malgré l’engagement matériel pour poursuivre l’explo (au final, nous avons utilisé 21 bouteilles de 4 L à nous trois pour cette sortie, dont 5 seulement que nous avons vidées et ressorties).

Quand est-ce qu’on y retourne ?!?

TPST 11h, pour 50 m de première, même pas topographiés…

Participants à l'activité

Stéphane LStéphane L.
Xavier RXavier R.

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