Vendredi 21 juillet
Nous devions être neuf à monter au refuge, mais dans l’après-midi, six déclarent forfait : Il faut dire que les prévisions météorologiques ne sont pas au beau fixe, il est annoncé quelques gouttes possible (60 % de probabilité pour moins d’1 mm) le vendredi soir, ainsi qu’une probabilité de 35 % de pluie orageuse samedi midi, avec 0.3 mm d’eau… Au milieu de tout plein de soleil !
Effectivement, en arrivant au dessus de la vallée de l’Arve, nous voyons de l’autoroute que le ciel est noir sur Samoëns, nous ne devinons même pas le massif du Folly, contrairement à d’habitude. Mais plus nous approchons, plus nous voyons le rideau de pluie nous fuir. Arrivés au parking, le sol est mouillé, mais le ciel bien dégagé, et nous voyons du beau ciel bleu qui apparaît ! Thomas arrive en même temps que nous.
Nous montons finalement à la fraiche (16°C), ça fait beaucoup de bien après la semaine dans la chaleur Grenobloise, et nous ne nous faisons même pas mouiller.
Samedi 22 juillet
Après discussions pour déterminer notre objectif de la journée (Constance veut faire un truc tranquille, Thomas veut avoir un aperçu de la Combe aux Puaires, moi, tout me va du moment qu’on fait avancer le schmilblick), nous nous arrêtons sur le CP7 pour continuer la désobstruction.
Nous montons en 1 h 30 et arrivons vers midi et quelques brouettes au trou. L’absence des moutons sur cette zone est pénible, l’herbe est maintenant bien haute de partout, même sur le chemin qui est bien moins emprunté que celui du lac ! Thomas et moi montons au CP28 en passant par le CP12 (le névé à bien fondu et la trémie est bien basse…), le CP20 (pareil, le névé à pris une claque, et il semble qu’il y a un tunnel de courant d’air au coin NE, à voir en fin de saison), le CP14 (le névé est bien haut, mais le trou est ouvert), puis le CP16 (il est encore bien fermé…). Je récupère ma quincaille, puis nous rejoignons Constance au bord du CP7 pour le picnic au soleil (J’avais oublié de préciser, la pluie annoncée, ce n’est que trois nuages qui vont et qui viennent, mais ils sont bien hauts et nous permettent juste d’avoir un peu d’ombre de temps en temps…).
A 14 h, Thomas et moi descendons au fond du CP7. Première surprise, la corde du puits d’entrée est tendue… Il nous faut bourrner à la poignée vers le bas pour arriver à positionner le descendeur (sans le mousqueton de frein, il n’y a pas assez de mou…). En fait, c’est parce qu’en bas, il y a plus de 3 m de neige, et la corde est bien bloquée. Nous passons un petit peu de temps pour tenter de la libérer, mais nous arrivons à récupérer une trentaine de centimètres, pas plus. Mais la bonne nouvelle, c’est que le courant d’air provenant de la suite à bien ouvert le névé, et il est facile de s’y enfiler. Au fond, nous faisons 4 trous dans le terminus précédent formant une lucarne donnant sur un méandre sur faille d’une vingtaine de centimètre de large pour 1 m 50 de haut. Le courant d’air siffle autour de celui qui met sa tête dans cette lucarne…
Nous ressortons pour déclencher le boum. 3, 2, 1,… rien. 3, 2, 1… rien. Zut, ça faisait longtemps que je n’avais pas eu un incident de ce type là. Je shunte de nouveau les fils et me remets dans le puits pour examiner la ligne en détail. Finalement, à 5 m de fond, je trouve une tonche qui fait aussi un shunt… Je répare comme je peux (il faudra changer la ligne) en pestant contre la neige qui doit être responsable de la tonche, et remonte. Nouvel essai : 3, 2, 1… BOOOM. Quelques minutes après, le trou fume blanc…
Nous attendons entre 20 et 30 min, puis repartons pour le fond, mais cette fois, Constance nous accompagne. Le tir a fait un boulot impressionnant. La lucarne n’existe plus, tout est bouché sur plus d’un mètre de long. Nous passons 2 h à tout sortir à trois à la base du P16. En fait, moi, je suis devant, je creuse, remplis les seaux, et les fait passer derrière. Je fais aussi passer de beaux blocs qui vont bien servir pour faire un mur à la base du P16. Thomas et Constance font ce qu’ils peuvent pour sortir le tout dans le boyau. Ils font un super boulot, et à ma sortie du boyau, je ne reconnais plus la base du puits…
La suite ? Il faut encore avancer d’un bon mètre, puis en dessous, un ressaut plus large se dessine. Au dessus du terminus, il y a une cheminée verticale qui remonte. C’est bien trop étroit pour passer, mais je pense que ça correspond à la faillasse à courant d’air notée par Steph dans le boyau au dessus de la désobstruction actuelle. Nous avons bien fait d’attaquer par le bas ! C’est ultra-motivant. Je perce quatre autres trous, toujours en 60 mm, puis nous ressortons pour déclencher. Nous ne trainons pas, il est 19 h, et nous avons commandés une fondue pour 20 h – 20 h 30 au refuge ! Nous laissons tous le matos au bord du trou pour dimanche et à 19 h 50, nous sommes devant notre bière !
Super fondue, bien arrosée, nous nous couchons repus et bien hydratés (!).
Dimanche 23 juillet
Les jours se suivent et… ne se ressemble pas ! Pourtant, nous prenons les mêmes, et pareil, nous allons au CP7. Tout légers, cette fois. C’est mieux, nous sommes au bord du trou après 1 h de montée sous le soleil.
Nous descendons tous les trois directement au terminus. Comme le premier tir de la veille, celui que nous avons déclenché avant de descendre hier nous a bien remplit la faille, et il nous faut un gros travail pour faire place nette et voir la suite. Encore plus d’un mètre de gagné, nous sommes juste au dessus du ressaut. Cette fois, je mets le paquet, je fais six trous, en attaquant les deux côtés. Nous ressortons, mettons le feu aux poudres, et profitons du répit pour casser une graine au soleil. C’est fou comme la pluie septimontaise fait bronzer !
30 min plus tard, Thomas et moi repartons pour le fond. Constance, préfère braver es éléments extérieurs et reste faire la sieste au soleil. Nous nous donnons 1 h 30 avant de redescendre au refuge.
La encore, ça a fait du bon boulot. Cette fois, nous ne sommes que deux pour évacuer les déblais. Devant, tout est bouché, l’air siffle entre les blocs, je ne vois pas grand chose. Nous devons donc commencer à remonter la pierraille vers l’amont avant de pouvoir évacuer le reste vers le bas. Thomas fait des va-et-viens dans le boyau, chargé de seaux et de blocs. Il est super efficace, la cadence est bonne ! Je commence à arriver à balancer des gravats plus bas, et ça a l’air de bien descendre. A la massette, je décolle de gros blocs de la paroi, ça fait de la place. Mais pas de bol, le départ du ressaut est encore plutôt étroit. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a que 50 cm à élargir, et derrière, ça a l’air de passer…
Vu l’heure, nous décidons de ne pas attaquer le prochain tir. Mais Thomas va voir le terminus. Et il tente le passage de l’étroiture en sommet de ressaut (30 cm * 50 cm)… Et il passe ! Derrière, c’est un ressaut de bien 2 m qui donne dans un méandre qui fait 60 cm de large. Il progresse en opposition jusqu’au sommet d’un P10 plus volumineux. La base de ce P10 semble être un palier d’un puits plus grand… En tout cas, les cailloux tombent bien plus bas et la résonance est celle d’un gros volume ! De l’eau pleut légèrement dans ce puits là, il est bien propre et bien ciselé par l’eau. La morphologie du trou change complètement. En plus de ça, le courant semble beaucoup moins sensible de l’autre côté de l’étroiture, ce qui ferait penser que l’étroiture que nous venons de franchir serait la plus étroite du trajet de l’air ! Je ne pensais pas que ça passerait aussi rapidement, c’est une super nouvelle ! Nous sommes excités comme des puces, et nous remontons des étoiles dans les yeux en faisant plein d’hypothèses pour la suite ! Evidemment, le weekend prochain, nous voulons revenir pour terminer la désob et poser quelques cordes !
Nous sommes dehors à l’heure dite, descendons au refuge, puis dans la vallée. Constance et moi mangeons au soleil sur la place de Samoëns, avant de retrouver la fournaise grenobloise !
Bilan
Déjà, c’était un super weekend !
Par rapport au bas du P16 (qui ne fait plus que 14 m…), la base du P10 suivant est à environ 10 m plus loin en horizontal dans la faille, et 15 m plus bas. Nous serions donc à la cote -65 m environ, soit à l’altitude 1915 m environ. Le sommet de la galerie du P18 dans le réseau de la Combe au Puaires est à l’altitude 1844 m. Si les puits remontants notés sur la topo au sommet de la galerie du P18 correspondent bien à l’arrivée du CP7, alors, il ne reste que 70 m de déniv à faire pour jonctionner ! Ca se rapproche !