Jeudi 19 août
Steph et moi partons de Grenoble vers 19 h et arrivons au parking vers 21 h. Au niveau de la maison au début du sentier, nous avons le plaisir de voir un couple de blaireaux au fond du champ ! Nous arrivons au refuge 1 h 30 plus tard, bien suants. Avant ne me coucher, je dis à Steph, généralement matinal, de me réveiller demain matin…
Vendredi 20 août
Le matin, j’entends la bouilloire qui se met en route. Je commence intérieurement à pester en me disant que quand même, il exagère de me lever si-tôt… Par acquis de conscience, je regarde quand même l’heure : 11 h ! Finalement, ce n’est pas si tôt que ça, nous devions avoir pas mal de sommeil à rattraper !
Le but du weekend est de profiter du beau temps pour monter sur les LS et attaquer la désobstruction du LS8. Mais comme Fred G. travaille ce vendredi, nous décidons d’aller au CP7 passer le temps et de rentrer le soir au refuge, et finalement ne monter sur les LS que le samedi matin.
Nous partons vers 12 h pour arriver vers 13 h 30 au bord du CP7. L’herbe est bien grasse, et parfaite pour le picnic ! Une fois rassasiés et bien réchauffés au soleil, nous allons sur le front de taille. Le tir précédent, encore une fois, a fonctionné du tonnerre, il a même cassé un virage que je ne pensais pas vraiment arriver à casser. C’est du tout bon.
Comme nous ne sommes que deux, nous décidons de stocker les gravats dans l’espace créé la dernière fois, et de ne pas les remonter jusqu’en haut. Je commence par faire passer les gros blocs à Steph, puis une fois le stock de gros blocs épuisés, j’attaque le gros bout de virage tombé au milieu du méandre à la massette. Ca va bien, et quelques minutes plus tard, il n’y a plus de gros blocs devant moi, et je vois la suite… Et bien, il reste une étroiture juste à mes pieds, et en dessous, il y a un ressaut plutôt large, puis du noir ! Jackpot !
Steph passe l’étroiture, et descend le ressaut. Il arrive au sommet d’un petit puits de 4 m, trop large pour descendre en désescalade. Mais, il est idéal pour stocker tous les gravats du dernier tir. Nous faisons donc tout descendre, c’est vachement plus facile, et bien plus rapide ! Steph repasse l’étroiture, puis je commence à percer les avants trous pour faire un peu de place. Lorsque je passe à la grande mèche, au bout d’un trou 3/4, la mèche casse dans le trou, et je n’arrive pas à la récupérer. Pas grave, j’ai une mèche de rab, et je fore un autre trou à côté. Je le termine presque lorsque la seconde mèche casse… dans le mandrin ! Aie, il y a maintenant un bout de métal dans le mandrin, et plus de mèche de rab…
Finalement, Steph arrive à sortir le bout de la mèche du mandrin (ouf !). Nous passons l’étroiture sans baudrier, nous nous le faisons passer ensuite, puis j’équipe le P4 suivant, et allons voir la suite : c’est de nouveau 1.5 m d’étroitures avant un beau puits que nous estimons à 15 m. Pour attaquer les pré-trous de ce tir, je commence d’abord à la massette et à la pointerolle, pour que je puisse accéder au sommet du puits avec le perfo, et faire de la place en une seule fois. Pendant ce temps là, Steph va voir un départ en hauteur (pas de suite, et pas de courant d’air), et reste à l’abri du courant d’air faire une petite sieste. De mon côté, j’arrive à élargir de 20 à 30 cm le premier mètre de l’étroiture, ce qui suffit pour percer les trous, j’en perce 10. Ce qui est étonnant, c’est qu’à partir du haut nous entendons un vrombissement important. Nous supposons que c’est à cause du courant d’air, plus bas, passant probablement dans une zone très étroite. Mais quand même ça fait aussi penser à un bon actif ! C’est sûr, demain samedi, nous n’allons pas sur les LS et revenons au CP7.
Nous ressortons tant bien que mal (j’ai du mal à repasser l’étroiture remontant parce qu’avec la massette, je n’ai plus de bras du tout !), laissons tout le matos dans la pelouse et redescendons au refuge en rêvant à la suite ! Juste sous la Tête à l’Homme, un Gypaète tourne au-dessus de nous quelques temps, c’est un joli ballet.
Nous arrivons au refuge en même temps que Fred qui est parti en milieu d’après midi de Lyon. Il nous dit qu’il a une mauvaise nouvelle : la météo se dégrade pour la nuit de samedi à dimanche, et que ça pourrait compromettre le bivouac sur les LS… Mais avec notre plus beau sourire, nous lui annonçons que finalement, nous changeons de plan… Pour un peu de première plus bas !
Nous mangeons une bonne fondue chez nous voisins du haut !
Samedi 21 août
Branle-bas de combat à 8 h pétantes. Fred a déjà mis la cafetière sur le feu. A 9 h 30, nous montons biens chargés : 120 m de cordes, tout un tas d’amarrages (on a dépouillé le refuge en plaquettes, il faut en remonter), et surtout les deux perfos (Hilti + 2 batteries et Festools + 6 batteries…) avec cette fois 3 grandes mèches de 10 mm. Nous sommes bien motivés.
Finalement, seuls Fred et moi irons sous terre dans le CP7 le matin. Il faut dire que 2 personnes, ça suffit, et vu le courant d’air, pas besoin qu’une troisième personne se les caille. Steph en profite pour tenter de retrouver le CP22, vers les Trous Gouilles, et il visite les gouffres notés CP84, CP85, ainsi que la perte trouvée ce printemps avec Fred G. et Constance. Il trouve aussi un joli puits à neige à revoir avec une corde un de ces quatre !
Fred et moi descendons dans le CP7 avec les 2 perfos. Je passe seul l’étroiture, fini les 10 trous en tête du puits suivant, et les charge. Fred finis les 7 trous de la première étroiture. Je remonte, les charge, puis connecte le tout (2 détos). Ca fait un gros tir, nous utilisons le temps de sortie des gaz ( les premières gaz sortent en 1 min dehors) pour grignoter et bronzer au soleil sous le vol de quelques vautours fauves en recherche de quoi se mettre sous la dent.
En début d’aprem, nous y repartons, mais cette fois-ci tous les trois. Bon, la première étroiture n’existe plus, il faut même équiper à partir d’ici pour sécuriser l’accès au P4 ! JFred et moi purgeons, puis descendons au tir suivant pendant que Steph fignole l’équipement et pose la ligne de tir pour la suite. Le sommet de puits est maintenant plus que praticable… On ne pourra pas me reprocher de ne pas faire de la place ! Nous mettons pas mal de temps à purger, puis, une fois la corde du P4 bien installée, je me mets à l’équipement. 2 goujons en tête de puits, une dév. 3 m plus bas, et je me retrouve vite fait en bas des 15 m du puits. Il est joli, en ogive de 1.5 m par 2.5 m environ, ce n’est pas très grand, mais tout à fait confortable, et bien propre.
En bas, c’est la cata. Au sol (de cailloutis et d’argile), au point bas, il y a un trou de 2 cm de diamètre… au travers duquel souffle un courant d’air violent, à l’origine de notre bruit de turbine. Ce sera le nom de la zone, ainsi que le nom du puits. Au dessus, une petite escalade étroite de 2 m donne accès à une petite galerie sans courant d’air, un départ dans la faille de 10 cm de diamètre avec autant de courant d’air qu’en bas, ,et faisant autant de bruit, ainsi qu’un troisième départ par vraiment plus gros, mais d’où arrive 80 % du courant d’air. Mais ici, la désobstruction est malaisée. Nous décidons d’attaquer par le bas. Fred et Steph se mettent en mode « chiens qui grattent », pendant que je les soutiens moralement. D’un coup, le trou passe de propre à sale… Ils descendent de plus d’1 m à la verticale dans le remplissage. Finalement, Steph arrive à agrandir un peu le passage final ou filtre le courant d’air. Ce dernier double alors de débit. Derrière, on a l’impression qu’il y a un écho (difficile à dire avec le boucan du courant d’air)… Je prends sa place, et fait 10 trous avec le perfo. Finalement, il ne nous reste plus qu’une batterie chargée, nous avons bien fait de monter tout ce matériel ! Steph charge les trous pendant que Fred et moi remontons doucement en levant la topographie (43 m topographié, le trou passe à 96 m pour 51 m). Une fois dehors (20 h), nous faisons boum, laissons le matos (cordes de rab, amarrages) dans le CP19, puis descendons au refuge. A 21 h 30, nous sommes devant notre pinte de bière, bien fourbus ! Nous redescendons manger chez nous.
Dimanche 22 août
Nous nous levons un peu avant 10 h. De toutes façons, il a plu par intermittences toute la nuit, et ça continue sur la même lancée. Nous chargeons les batteries des perfos, nous rangeons le refuge, mangeons chez nous voisins du haut, puis descendons dans la vallée en début d’aprem.
Point sur le CP7
J’ai rajouté les nouvelles données à la base de données générale. Voici quelques remarques :
- Pour l’instant, le point bas du CP7 est à 1931 m. Je pense que le CP7 arrive au point haut de la galerie du P18 dans le CP12, nous en sommes plus ou moins à l’aplomb. Ce point haut est à l’altitude 1836 m. Il reste donc environ 100 m à descendre.
- Dans ce que nous avons exploré, nous n’avons pas encore récupéré (mais les récupèrerons nous ?) ni la suite logique – historique du puits d’entrée qui part vers le nord, ni le second méandre étroit à courant d’air arrivant à la base du P22 d’entrée
- Peut-être que nous nous trompons, mais le terminus que nous avons attaqué ne semble pas être très long, voir même ponctuel. Nous ne sommes pas allés voir le résultat du tir, mais il y a des chances qu’il nous permettent d’avoir une meilleure idée de la quantité de travail à fournir pour passer. De toutes façons, vu la violence du courant d’air, ça vaut le coup de s’acharner !
- Enfin, le P15 de la Turbine est bien propre… Ca vaut dire qu’au printemps, il risque d’être bien arrosé, et il n’est pas dit que nous puissions travailler au sec en début de saison… A voir…