Pourquoi la spéléo plongée ? Principalement à cause de la frustration quand arrive le fond de trou, après des heures de crapahute, et que l’aventure s’arrête devant le siphon. Après quelques frustrations, l’idée a germé, et il suffisait d’un déclic. Pour ma part, ce déclic vient d’Alexandre LEGRIS, un copain plongeur en mer, qui parle de s’inscrire à un stage national de l’École Française de Plongée Souterraine dans le Lot. Il cherche un copain spéléo pour partager l’expérience, sauf qu’avec un seul baptême de plongée à mon actif, un stage perfectionnement, ce n’est pas trop à l’ordre de l’année.
Il insiste fortement et nous voilà inscrit au baptème de spéléo plongée organisé par Philippe à Bourg Saint Andéol en avril. J’y recroise Michel, l’actuel président de la commision plongée, qui était un camarade de virée souterraine parisienne et forcément on en discute avec Alexandre. Après le baptême avec David et les images qu’a pris Alexandre. L’objectif est clair, me former pour être capable de suivre le stage.
S’en suit, une virée à la fosse de Meyzieux avec Pauline, puis plusieurs plongées en mer avec Stéphane et Xavier, qui me donne une base théorique et pratique, avec des extras comme le décapelage ou la remontée d’un collègue. La décision arrive deux semaines et demi avant le stage, je peux suivre le stage perfectionnement, ils ont besoin de cobaye pour leurs futurs moniteurs 😀 Génial, mais finalement Alexandre ne pourra pas venir, trop tard pour faire marche arrière, j’y vais.
Et nous voilà parti avec Daniel le samedi 27 juin pour Gréalou dans le Lot ou se trouve le gîte Écoasis. Dans le van, on discute de nos expériences, du matériel, mais sans avoir une idée de ce qui nous attend. Nous arrivons de nuit, accueilli par Mowgli pour les consignes de ce gîte éco-conçu et toujours aucune idée de ce qui nous attend.
Dimanche 28 juin, comme tous les grands évènements, je suis taquet. Nous sommes une petite vingtaine et juste après le tour de table d’une petite vingtaine de personnes, c’est parti pour un premier cours sur le matériel. Premières notes, il y a plein d’accessoires que je ne soupçonnais pas et on double même le masque. Avant de déjeuner, on prépare notre configuration pour la plongée test de l’après-midi. Nous découvrons la quantité impressionante de matériel, ramené par les cadres, l’EFPS ou prêté par des copains. Certains stagiaires ont quasiment tout et empreinte pour tester. Pour ma part, je n’ai que du néoprène de haut en bas, le masque et les palmes conseillées par Pauline. Je finis avec la wing d’untel, les boutilles d’un autre et les accessoires prêtés par l’EFPS dont j’aurais la garde toute la semaine. L’après midi, nous partons plonger au Ressel pour valider si le niveau est cohérent avec les objectifs. En arrivant sur place, c’est blindé, une camionette est en train de partir et là je croise le regard d’Alexandre. « Qu’est ce que tu fous là !? ». Il me refile quelques accessoires et les premiers sont déjà équipés. À part quelques problèmes d’équilibrage gauche droite, vu que j’ai trop de plomb et que la wing fait deux fois ma taille, c’est magnifique et un gros plaisir. Sur la route du retour, on fait nos premiers retours au cadre et on reconditionne notre matériel pour le lendemain. Après le dîner, c’est l’heure du second, « euh… quoi !? ». Toute la semaine, ça sera cours, préparation du matériel, plongée, compte rendu personnel, rangement, compte rendu global, cours/conférence et beaucoup d’échanges tout au long de la journée. De longues journées enrichissantes qui me rappelle l’initiateur où on nous sommait d’aller nous coucher pour avoir les yeux en face des trous le lendemain. Ça promet d’être intense.
Lundi 29 juin, nous suivons un cours sur le fil, qui est, avec la préparation du matériel, le leitmotiv de la semaine. Les longueurs, les flèches, les cookies, les shunt, les emmêlages, la touille, la recherche, tout y passe. Le fil, c’est la vie. Pour le matériel, suite à mes problèmes d’équilibrage, je change de configuration, je pars en déstructuré et on ajustera le plomb sous l’eau, dans le trou Madame. C’est beaucoup plus confortable, mais pour cette première fois en déstructuré, les bouteilles sont trop sur l’arrière, ce qui ne m’empêche pas d’admirer le paysage déchiqueté. Pendant le rangement du matériel, nous trouvons les réglages à effectuer pour le lendemain, on verra bien. Le cours du soir est sur l’autonomie, le calcul de la consommation en fonction de la profondeur, les distances parcourues, bref, comment prévoir sa plongée.
Mardi 30 juin, après avoir vu l’autonomie, nous voyons comment prolonger la plongée avec des relais, où les poser de préférence, comment les positionner sur le fil pour d’autres plongeurs. Je repare en déstructuré dans le Ressel avec les ajustements vu la veille. C’est nettement mieux, mais j’oublie d’alterner les détendeurs, ne retend pas un fil détendu. Daniel découvre l’effet du permanganate de potassium en enlevant son chausson néoprène. La discussion pendant le reconditionnement et le compte rendu global penche pour conserver ma configuration et bosser le fil, le fil, le fil. Le cours du soir porte sur l’évolution des règles de sécurité et pourquoi nous sommes arrivés aux 5ème, suivi de l’annonce que nous devons organiser une expédition pour le samedi dans le trou Madame. Il nous faut un objectif, un plongeur de tête, un coordinateur, des distances, des relais, etc. Nous commençons à débrousailler avec plus de questions que de réponses.
Mercredi 1er juillet, le fil c’est indispensable, mais métré et tendu, c’est mieux. Nous voilà sous un soleil de plomb, un groupe marque le fil avec des flèches et des marqueurs, un autre groupe entoure le gîte d’amarrages de caouetches. Cet après-midi, nous plongeons à Cunhac pour travailler tout ça, il ne faut plus que la gestion de tout ce matériel me distrait. Je prépare mon matériel et découpe mes caouetches aussi soigneusement que je peux, en discutant d’autres réglages et des choix de matériel. C’est très riche, tout le monde y va de son expérience depuis trois jours. La plongée se fait de l’autre côté de la rivière et Olivier m’emmène en scooter. C’est la première expérience de touille, que je provoque en me réequilibrant. Faire de jolies amarrages, c’est moins simple que le matin avec des gants néoprène et tout le matériel à gérer, mais je commence à être plus à l’aise, la consommation descend. Le cours du soir est sur l’organisation d’expédition et nous continuons l’organisation de l’expédition de samedi en faisant les premiers calculs de consommation et distance pour déterminer un objectif.
Jeudi 2 juillet, deuxième séance de bronzage pour s’exercer au démelage de fil. Sans tout le matériel, c’est pas trop compliqué, mais Lulu insiste pour le faire masquer et on envisage les conséquences si ça se passait sous l’eau. Ça me reste dans la tête quand je prépare une configuration dorsale classique, plus simple il parait pour travailler le démélage. Nous partons pour Lantouille où je dois poser le fil d’entrée. Après un mauvais choix pour le départ, un léger problème de stabilisation au niveau du premier amarrage me fait perdre la tension dans le fil et je commence à m’emmêler dedans. Ça fera rigoler Philippe qui n’a même pas besoin de simuler l’exercice. Le cours du soir sera donné par Sarah sur l’hydrogéologie, oui monsieur une résurgence et une exurgence, c’est différent. Nous continuons avec l’organisation de l’expédition ou Jean-Pierre devient officiellement le coordinateur et Ulysse le plongeur de tête. L’objectif est une pointe à 1500m, nous devons préciser les distances des relais et établir une chronologie.
Vendredi 3 juillet, la semaine se fait sentir en cours de topographie, mais je suis impatient de plonger avec Mowgli au Ressel. Il ne laisse rien passer pendant la préparation du matériel, l’équipement et le briefing de la plongée. C’est ce dont j’avais besoin pour bien ancrer toutes les connaissances, positionnement du matériel et réglages que j’ai appris pendant la semaine. C’est la dernière plongée de formation et il me transmet sa rigueur pour une plongée sereine. Tout se passe bien, la pose du fil où j’irais comme un Vulcain dixit Lulu, directement dans une étroiture alors que la cavité fait 5m de diamère, la recherche du fil sur place avec lumière, puis yeux fermés, poussé par Mowgli. Je suis tellement bien, que je prends l’option retour dans le noir. Ça cogne un peu et je comprend vraiment l’importance d’un fil tendu. Le soir, nous choisissons de sécher le cours pour finir de préparer l’expédition. Tout les stagiaires poseront des relais, même le coordinateur, la chronologie est posée, les distances aussi, un dernier récapitulatif, une dernière bière et au lit avant le grand jour.
Samedi 4 juillet, tout le monde est concentré sur l’expédition, mais une fois les premiers plongeurs prêts à partir devant le trou madame, l’ambiance se redétend. Nous serons 18 à plonger et je serai l’avant dernier à partir. Le premier plongeur et le chrono se lance. Malgré l’attente, le temps file avec les départs successifs et les derniers préparatifs pour que ceux qui sont au fond pour accompagner le plongeur de tête soient large en air. Vient mon tour, je n’ai qu’une idée en tête, ne pas cafouiller et déposer mon relais rapidement. J’en viens à attendre mes cadres tellement je suis impatient. Ça y’est, comme les autres, je donne le top départ au coordinateur, vérifie une dernière fois mon détendeurs, le métrage de départ et m’élance. J’ai choisi de tracer le long du fil sans regarder le paysage. Nous croisons Daniel au premier Siphon, échangeons quelques informations et je repars aussi sec sans entendre Olivier qui me dit que je peux y aller plus cool. Je veux vraiment poser ce relais rapidement, comme si tout le bon déroulement de l’expédition dépendait des quelques minutes que je pourrais grapiller en traçant. Je regarde les dernières marques de distance et arrive sur la zone. En deux temps, je positionne le relais, le détendeur, met le tout sous pression et ferme la bouteille. Ma mission est accomplie et je repars à la même vitesse. Mais Olivier me retient et me fais signe qu’on va prendre notre temps. Il me montre les particularités de cette cavité, toutes les couleurs que je n’ai pas vu à l’aller. On en profite pour retendre un peu le fil, je me sens dans mon élément. C’est un moment de plénitude, dans un paysage magnifique, je pense à tous les copains qui sont dans l’eau et remercie silencieusement ceux qui m’ont encadré ou conseillé pendant cette semaine. Hors de l’eau, l’ambiance est au beau fixe, tout s’est bien déroulé jusque là. Et ça continue au retour d’Ulysse, à peine sortie de l’eau, ça rigole sur le permanganate de potassium qui le démange peut-être dans sa combinaison. Cette effervescence continuera toute la fin d’après midi et la soirée, puisqu’en plus d’avoir passer un super stage, c’est le jour où l’EFPS compte officiellement quatre nouveaux moniteurs, dont Mowgli. Des photos des moniteurs sont spécialement prises pour Laurence TANGUILLE. Un dernier compte rendu personnel et global et voilà, le stage est officiellement fini.
Dimanche 5 juillet, c’est le jour du départ, celui de l’échange de coordonnées, de plans matériel. Et comme nous ne sommes pas pressés, David nous propose de faire un crochet par le marchepied avec le matériel qu’il reste. Un passage d’étroiture pour finir, ça aurait manqué effectivement. C’est la seule chose que je redoutais. Ça passe plutôt bien à l’aller, avec les conseils de Mowgli, son aide au passage du dévidoir pendant que je débloque un détendeur. Le retour se passe sans problème et j’exulte en sortant de l’eau.
C’était vraiment un stage dont je me souviendrais toute ma vie. Il reste la partie la plus dure, s’équiper et pratiquer. Dans ce nouveau monde, tout le monde propose de me prêter du matériel. Moi qui suis d’un naturel autonome, je prendrais mon temps pour m’équiper, mais ça ne s’arrêtera pas là, une nouvelle dimension s’est ouverte. À bientôt sous l’eau !