Après pas mal de tergivitations à cause d’incertitudes sur nos disponibilités et celles de nos voitures, nous décidons finalement samedi matin à 10 h d’aller revisiter la grotte de la Conche. Steph et Pauline y étaient allés il y a presque 20 ans, et moi, ça faisait parti de ma todo-list de trou à visiter. Il parait qu’il y a de l’eau, un siphon, et surtout pas mal de courant d’air. Potentiellement de quoi y trouver de belles choses.
Finalement, nous arrivons sur le parking à 13 h 30, et à 14 h, nous sommes devant la grotte. Il en sort un courant d’air frais plutôt fort pour la région ! Nous en déduisons que les voutes mouillantes ne doivent pas siphonner, et du coup, ouvrons le picnic avant d’aller sous terre.
A 15 h, nous sommes harnachés dans nos néoprennes et remontons le courant d’air. Nous devons fouiller parfois pour trouver le bon passage, Steph ne se souvenait pas qu’il y avait quelques étroitures… Pour la première, j’ai du passer en enlevant le baudrier. Puis, il y a deux boyaux remontant d’une 15aine de mètres chacun, qui sont une belle conduite forcée bien ronde et accrocheuse, juste de la largeur de mes épaules… La dedans, le courant d’air est impressionnant, il gronde autour de nos corps. Après ? Et bien, c’est du quatre pattes, de la baignade où il faut mouiller les oreilles, puis nous remontons une superbe galerie : 3 à 5 m de large, le plafond est foncé avec pas mal de concrétions blanches, et le sol est constitué d’une succession de gours actifs, bien blanc, et le courant d’air, fort, est toujours là. Seul hic, le plafond est un peu trop proche du sol, et la progression se fait principalement à quatre pattes… Tous les deux, nous nous maudissons d’avoir laissé nos genouillères à la voiture…
Nous arrivons ensuite dans LA grande galerie. Pour le coup, Steph ne m’avait pas menti. C’est grand, il y a plein de départs, et c’est plutôt esthétique. IL avait juste oublié les quelques centaines de mètres qui précédaient ! Notre but, c’est d’aller visiter le réseau supérieur, mais avant d’y monter, Steph me propose d’aller voir le siphon amont. Nous descendons la galerie, posons une corde, passons sous une douche qui ne coule pas, et arrivons où Steph se souvenait de s’être arrêté sur le siphon indiqué sur la topographie. Mais aujourd’hui, il n’y a pas d’eau. Nous continuons à descendre, et au bout de quelques dizaines de mètres, dans l’axe de la galerie, nous buttons sur un colmatage de sable et de glaise. Ce n’est pas engageant.
Juste avant le terminus, Steph fait une petite escalade dans une grosse cheminée, il monte de 5-6 m jusqu’à un palier. De ce palier, nous voyons le sommet de la cheminée, ça ressemble à une simple cloche. Mais au niveau du palier, il y a deux jolis départs. L’un semble arriver sur un colmatage de sable et glaise (?, nous ne sommes pas descendus), et le second arrive sur un beau puits à cannelures. Les parois sont impressionnantes, elles sont polies, avec de tous petits coups de gouges, signes qu’en crue, c’est ici que passe le gros du courant d’eau !
Nous descendons ce P6 en faisant frotter la corde. En bas, c’est colmaté par une dune de sable. Je creuse un peu et arrive à me faufiler vers le bas en suivant la pente de la dune. Ca s’agrandit, et je continue à descendre sur 5 m de dénivelé le long de la forte pente de sable jusqu’à un nouveau rétrécissement. Je vois qu’en dessous, ça continue à descendre le long du sable. Je vois sur 3-4 m environ, mais pour descendre, il faut creuser parce qu’entre le plafond et la dune, n’y a que 40 cm d’espace. J’ai l’impression de sentir un petit courant d’air soufflant, mais c’est vraiment très faible. Mais ce qui est motivant, c’est qu’en bas de la pente, il y a des ripples marks, et que ça semble partir à l’horizontale.
Steph me rejoint rapidement, et se fait la même réflexion. Je n’ai pas le temps de dire » ouf ! » qu’il est déjà en train de faire la tortue Luth dans le sable, en essayant de le pousser sur les bords et de le remonter, sans même avoir enlevé son matos et son haut de néoprenne (normal, nous sommes dans un siphon !). Vu la pente, ce n’est pas évident. Nous nous faisons la remarque que c’est mieux sans eau… Une fois en bas, là où nous voyons les ripple marks, les pieds en bas, il creuse, il creuse, il creuse… et effectivement, plutôt à l’horizontal. Je suis incapable d’estimer le temps passé à bouger ce sable, mais ça prend quand même pas mal de temps, ce n’est pas évident à progresser. Finalement, je ne vois plus que son casque qui dépasse de la rupture de pente, et il me dit : c’est bien horizontal, c’est encore juste pour passer, mais derrière, c’est plus grand. Et de mon côté, j’ai l’impression que le courant d’air soufflant a bien forcit.
Nous insistons encore, Steph creuse au fond, je tente d’élargir toute la descende, il finit par arriver à se retourner, et tête en bas, le nez dans le sable, il creuse… et passe ! Derrière, il remonte un peu, la galerie s’agrandie, il redescend sur un nouveau point bas ensablé un peu plus bas que le précédent, mais qui passe sans trop de travail, puis ressort dans la galerie, de l’ordre de 2 m de diamètre. Quelques mètres plus loin, il arrive sur une vasque d’eau, profonde, qui demande un bon bain. C’est une belle voute mouillante/rasante avec quelques centimètres de revanche, le courant d’air passe ! Ce n’est donc pas un siphon ! Mais pour que je puisse le rejoindre, il faudrait bien travailler encore le premier point bas, et surtout, étayer la pente de sable avec des sacs de jutes qu’on rempli de sable.
Steph fait donc demi-tour, et nous remontons en déséquipant. Nous n’aurons pas le temps d’aller visiter les galeries supérieures, mais nous prenons quand même 10 min pour aller voir la galerie aval. Son terminus, en temps normal, est aussi un siphon. Mais là, non, il n’y a pas d’eau, juste de la dune de glaise qui empêche le passage. Ce qui est à noter, c’est que là aussi, il y a un courant d’air soufflant (donc vers un amont ?) non négligeable. Juste avant le terminus, une petite escalade dans la glaise en rive gauche donne sur un joint de strate pénétrable, boueux, descendant, et bien ventilé aussi. Il y a une trace de passage, mais ce serait peut-être à revoir avec un peu plus de persévérance !
Nous revenons au carrefour de la grande galerie, puis repartons dans les successions de quatre pattes, plat-ventre, baignades,… Et à notre grande surprise, lorsque nous arrivons dehors, il fait bien nuit… Il est 21 h 30, nous ne pensions pas avoir passé autant de temps sous terre, surtout que nous étions partis pour une visite de 3-4 h… !
Bilan
Et bien… il va probablement falloir revenir pour continuer la désobstruction du siphon amont : c’est vraiment motivant, il y a un beau potentiel. Après les deux zones sableuses, il n’y a plus de sable, ce qui laisserait à penser qu’il y a des chances que nous ayons effectivement franchi le point bas. Si c’est le cas, derrière, ça devrait remonter un peu ! Vu la gueule des conduits et vu le courant d’air, ça vaut le coup d’insister un peu.
Mais pour cela, il faut :
- revenir avec des sacs de jutes pour bien travailler la descente et le point bas, ainsi que la partie entre les deux points bas. Le risque, c’est qu’à chaque crue, ça rebouche le passage. Je pense qu’il faut être 3 ou 4 pour faire ce travail, et ça peut avancer assez vite. Un bidon servant de traineau et une corde pourraient être bien utile.
- Ensuite, d’après Steph, la voute mouillante constituant son terminus pourrait se désiphonner facilement avec un bout de tuyau de 6 à 10 m de long. Ca sécuriserait le passage, mais pour cela, il faudra faire attention, parce que l’eau du désiphonnage serait rejetée dans les points bas que nous avons creusés. Il faut voir si cette eau est rapidement évacuée (ce que nous pensons, vu qu’il n’y a pas un pet de glaise) ou pas.
- Peut-être bien réfléchir à comment fixer le tuyau pour qu’il ne se fasse pas emporter par les crues (qui semblent violentes ici), et qu’il désiphonne la voute mouillante automatiquement après les crues.
- Équiper correctement l’escalade (C10, AN + 1 déviation à poser, probablement sur AF), puis le puits derrière (C15, AN + 2AF à poser)
Je pense aussi que l’aval mériterait d’être revu avec de quoi creuser dans la glaise, peut-être aussi avec un bidon + traineau.