Cette page est tirée d’un article qui avait été publié dans l’Echo des Vulcains N°76.
Préambule
En tant que spéléologue d’exploration, nous passons beaucoup de temps à tenter de trouver de nouvelles cavités ou de nouvelles continuations sur des réseaux déjà connus. Pour que les résultats d’une telle exploration restent, servent à la communauté, et que les explorateurs soient reconnus, il n’y a pas le choix, il faut publier et diffuser les résultats de cette exploration. Publier les résultats d’une exploration passe par trois points simples, mais indispensables :
- Ecrire un compte rendu clair et rigoureux de cette sortie est le premier pas important. Au G.S. Vulcain, tous les comptes rendus sont repris dans l’Echo des Vulcains de l’année.
- Evidemment, lever une topographie correcte, la mettre au propre (idéalement par la personne qui a dessiné sous terre) et la diffuser est indispensable, mais ce n’est pas suffisant. Elle ne doit être publiée qu’en association avec le point suivant:
- La publication de cette topographie ne peut se faire qu’accompagnée d’une fiche descriptive de la-dite topographie. L’idéal est que cette fiche descriptive soit écrite par la (ou les) personne(s) qui ont levé la topographie, et plus c’est fait rapidement, mieux c’est car la mémoire des lieux est encore présente. En gros, ne pas attendre une deadline pour se mettre à sa rédaction.
Rédiger en français demande de suivre quelques règles typographiques de base, mais qui sont malheureusement souvent omises… Jeter un coup d’oeil à la page dédiée à ces règles peut-être utile.
Recette de cuisine
Rédiger une fiche descriptive n’est pas compliqué si on suit la recette de cuisine ci-dessous. Vous avez de très nombreux exemples dans les Echos des Vulcains. Prenez le temps d’y jeter un œil et de vous imprégner de la structure d’une fiche… Cette fiche doit contenir un certain nombre d’informations que nous ne pouvons pas omettre :
L’auteur (ou les) de la fiche
cela permet de retrouver la personne à l’origine de la fiche, et de lui demander des précisions si besoin !
La spéléométrie
développement et profondeur / dénivellation
Les coordonnées
Lat / Long / Altitude de la cavité si c’est une nouvelle cavité non décrite. Si c’est une galerie dans un réseau, précisez de quel réseau il s’agit !
L’accès succint à la cavité, ou à la portion de réseau décrite
ça permet que d’autres personnes ne connaissant pas puissent trouver le trou ou le départ du réseau plus facilement… Ce n’est pas la peine d’écrire un accès qui n’aide pas, comme par exemple « l’entrée est située à 1 h de marche du refuge. »
Un historique
faits marquant, dates, personnes. La encore, ça permet de poser des questions si besoin quelques années après !
Une description de la cavité ou du réseau
ici, il faut décrire avec précision, justesse et rigueur le réseau. Pour cela, ne pas hésitez à suivre la topo que vous avez faite. Ce qui est important, c’est d’être rigoureux dans cette description. Généralement, si vous suivez la ligne directrice de la topographie, ça fonctionne bien. Evidemment, décrire 500 m de réseaux par » le réseau est constitué de quelques galeries entrecoupée de puits », n’est pas acceptable vu que ça n’apporte aucune information (sisi, j’ai déjà vu pour des cavités de plusieurs kilomètres de développement…).
Une analyse ou des remarques
sur (non exhaustif) 1) où est-ce qu’il y a des suites à chercher (s’il y a), 2) quelles sont les perspectives, 3) comment ça s’intègre dans le système, 4) quels sont les dangers s’il y a (par ex. risques de crue, trémie instable,..)
Une fiche d’équipement
Eventuellement, (quantité de corde/amarrages).
Une bibliographie
où a été publié d’autres informations sur cette cavité ou réseau ?
Conclusion
Cette fiche doit être faite pour chaque cavité ou réseau topographié, même pour chaque trou de chiottes exploré en prospection, et doit être publiée. C’est ce qui sert ensuite de base pour mettre à jour les bases de données spéléologiques et karstologiques. Si cette fiche n’est pas écrite et publiée, c’est oublié et la sortie d’exploration n’aura servi à rien.
Pour une cavité à laquelle on rajoute un bout, il faut voir en fonction du ratio développement cavité / développement nouveau réseau : Si ce dernier est rikiki au regard du trou, alors, la fiche ne va concerner que ce dernier (par ex., voir la description des petits réseaux explorés dans le JB ces dernières années). Si en revanche l’exploration apporte une avancée non négligeable au trou, alors, reprendre la dernière fiche du trou publiée, et la compléter avec les nouvelles avancées. C’est par exemple ce que nous faisons pour les trous comme le CH3.
Page créée par Xavier Robert (xavier.robert@ird.fr)
- Quelques règles typographiques françaises classiques
Ce point est souvent le point noir de la majorité des articles proposés pour publication : on y trouve beaucoup d’erreurs typographiques qui sont à corriger, ce qui est pénible pour le correcteur, ou le lecteur si elles n’ont pas été corrigées. L’idéal serait que ce soit déjà pensé en amont, avant envoi pour publication. Je rappelle donc ici pour les futurs auteurs quelques-unes de ces règles typographiques françaises classiques indispensables (ce n’est pas une lubie, cela fait parti de la grammaire française !) :
- Lorsque nous écrivons des chiffres avec une unité, il faut TOUJOURS un espace entre le chiffre et l’unité (sauf pour de rares exceptions comme °C, par exemple -3°C). En guise d’exemple, nous pouvons écrire 30 m, 4 h 23 ou 37 % mais surtout par
30m,4h23ou37%. C’est une faute très classique à proscrire, alors que rajouter un espace devrait être un réflexe lors de la phase d’écriture. - Lorsque nous écrivons une profondeur, nous donnons obligatoirement l’unité (en fait, il faut le faire quelque soit le chiffre que nous écrivons) : c’est, par exemple, -30 m et non pas uniquement -30 (et, j’insiste, l’espace ne doit pas être oublié). En revanche, c’est bien P30 ou E15 (sans espace entre P et 30).
- Lorsque nous écrivons des chiffres avec une unité, il faut être cohérent. Nous écrirons par exemple 2 m (en abrégé) ou deux mètres (en toutes lettres), mais surtout pas
2 mètres, cette dernière notation est incohérente. C’est aussi le cas avec « 1 j » ou « un jour » (et non pas1 jour). - Les abréviations d’unités sont codifiées, nous ne pouvons pas écrire n’importe quoi :
- L’abréviation d’ « heure », c’est « h » en minuscule, pas en majuscule.
- L’abréviation de « minutes », c’est « min », et non pas « mm » ; « mm », ça veut dire millimètres, ce qui n’est pas tout à fait la même chose.
- L’abréviation de «mètres », c’est « m », pas « M ». Pour « kilomètres », c’est pareil, « km » et non « KM ».
- Pour les « litres », les deux abréviations « l » ou « L » sont acceptables, évidemment avec un espace entre l’unité et l’abréviation, mais il faut que tout le document suive la même règle pour des questions d’homogénéité.
- L’abréviation de « jours », c’est « j »…
- En français, il faut toujours un espace avant et après les signes de ponctuation « » (guillemets), : (deux points), ; (point-virgule), ! (point d’exclamation), et ? (point d’interrogation). En anglais ou en espagnol, il n’y a pas d’espace avant ces signes là, mais en français, si. En revanche, pour les signes . (point) ou , (virgule) il n’y a pas d’espace avant le signe. Dans le cas des (), {} ou [], il n’y a pas d’espace entre le signe et le contenu intérieur.
- Lorsque nous écrivons 1er, 2ème, XIXème… il faut que les « er » ou « ème » soient en exposant.
- Dans le même ordre d’idée, nous devons écrire 1er, 2ème (ou 2d), mais pas 1r ou 2e.
- Quand nous indiquons nord, sud, est, ouest, nous ne mettons pas de majuscules. Les majuscules, c’est uniquement pour les abréviations N, S, E, W/O.
Une dernière remarque qui n’est pas une règle typographique, mais du bon sens : lorsque des nombres sont donnés, il faut écrire uniquement ce qui est nécessaire. Par exemple, on lit souvent P2,50. Cela veut dire que le puits mesure 2,50 m et pas 2,51 ou 2,49 m. Je doute que nous ayons cette précision, surtout que cela va dépendre de la convention utilisée pour mesurer la hauteur du puits. Personnellement, j’écrirais plutôt P3 (ou à la rigueur P2,5), c’est plus juste vis à vis des erreurs que nous avons en topographie souterraine.
Dans le même ordre d’idée, lorsque nous donnons des coordonnées géographiques (latitude et longitude), il n’est peut être pas nécessaire de donner plus de cinq chiffres après la virgule, ça ne sert à rien. Avec nos mesures soit sur cartes ou images satellites ou soit avec nos GPS de randonnée, nous n’avons pas cette précision : au mieux, nous avons 3 m de précision, soit ~0.00003°, soit cinq chiffres après la virgule au maximum.